Slasheur : explications, avantages et défis

Selon l'Insee, les slasheurs représentent aujourd'hui 6 millions d'actifs en France. Pour les trois quarts d'entre eux, il s'agit d'exercer dans au moins deux domaines différents, voire diamétralement opposés. L'arrivée des slasheurs donnent à voir l'évolution et la remise en cause de la conception traditionnelle du travail, notamment des jeunes générations Y et Z.

Le mot slasheur vient du signe slash « / », souvent utilisé par ces profils atypiques pour présenter la somme de leurs activités et compétences. Le phénomène n'est pas récent, cependant, s'il s'expliquait autrefois par une obligation économique, il répond aujourd'hui à des opportunités professionnelles impliquant des profils multicompétences. Historiquement, l'autrice Marci Alboher est la première à avoir utilisé le terme anglais de « slasher » à la fin des années 2000 dans son ouvrage intitulé « One person / Multiple careers ».

Quels sont les avantages des slasheurs ?

Les avantages du slashing vont de pair avec la multiplication des activités exercées. Tout d'abord, la pratique peut apporter une stabilité financière au slasheur qui peut combiner un emploi salarié régulier et une activité freelance plus aléatoire. Cela permet d'allier un métier de raison, parfois alimentaire, avec un métier de passion, tout en se prémunissant contre les risques de chômage et d'inertie.

Ce mode de fonctionnement peut être intéressant pour les personnes réfléchissant à une reconversion professionnelle. En effet, si le slasheur souhaite tester une nouvelle activité, il peut le faire en limitant les risques puisqu'il a déjà un autre métier en main.

Le slashing est également une façon stratégique de combiner des compétences spécifiques et une polyvalence entre deux types de postes. Le slasheur pourra ainsi contourner l'ennui et développer un large réseau professionnel. Il sera capable d'évoluer dans deux domaines et démontrera sa capacité à rester flexible.

Pour finir, à travers le slashing, le slasheur fait le choix de son emploi du temps et de ses modalités de travail. Ce mode d'organisation facilite l'équilibre entre vie professionnelle et personnelle, sachant que les possibilités de travail à distance sont plus simples à aménager. De plus, le slasheur peut profiter de cette autonomie organisationnelle pour acquérir de nouvelles compétences à travers la formation continue, notamment en autodidacte.

Quels sont les défis du slashing ?

Les défis que le slasheur doit relever sont également liés à ses multiples activités. Pour être efficace, il doit tout d'abord être organisé. En effet, s'il se disperse, il risque vite de se sentir submergé. Quand un slasheur manque d'organisation, il peut mettre en jeu son travail, mais surtout sa santé. S'il ne développe pas un bore-out, faute d'ennui, il peut rapidement s'exposer au burn-out pour cause de surcharge intellectuelle, psychique et physique.

Le développement de ses activités peut également l'envahir. Un slasheur qui a du succès doit donc faire preuve de tempérance. En effet, la surcharge de travail pourrait l'amener à manquer de temps et impacter sa vie personnelle comme familiale. Le slasheur devra donc trouver un équilibre entre sa réussite professionnelle et sa sérénité, quitte à faire face à plusieurs dilemmes. À cela s'ajoute l'instabilité professionnelle générée par la multiplication des activités, laquelle est peu propice à l'épanouissement.

Le slasheur peut également être affecté par le syndrome de l'imposteur et ne pas se sentir légitime d'exercer une ou plusieurs de ses activités. Ce phénomène peut engendrer un sentiment d'incompétence, des difficultés à concrétiser ses projets, mais aussi à trouver et prendre sa place. Pour y faire face, le slasheur doit donc développer une importante confiance en lui et prendre conscience de ses capacités, ses aptitudes, ses qualifications et ses habiletés.

Slasheur et entrepreneuriat : quelles opportunités ?

Depuis 2009, la création du statut de micro-entrepreneur (anciennement auto-entrepreneur) a ouvert une voie plus large à la pluriactivité et au cumul des statuts de salarié et de chef d'entreprise. Cependant, des exclusions existent et des règles sont à respecter :

• Certaines professions réglementées et libérales excluent ce cumul, notamment les professions médicales ou d'avocats.
• Les contrats de travail peuvent comporter des clauses d'exclusivité.
• Le devoir de loyauté envers l'employeur oblige le salarié à travailler pour son activité complémentaire en dehors de ses heures salariés, avec un matériel autre que celui de l'entreprise.
• Les possibles conflits d'intérêts astreignent le salarié à informer l'employeur de l'activité qu'il envisage.
• L'obligation de non-concurrence nécessite de ne pas dénigrer l'entreprise et de ne pas débaucher les collaborateurs ou clients de cette dernière.

Si les obligations du slasheur semblent nombreuses, les opportunités d'ouvrir une entreprise sont également multiples. Le statut et les formalités liés aux micro-entreprises sont notamment très favorables à la découverte de nouvelles activités. En effet, il est aussi simple de créer une entreprise que de la fermer. Également, les plateformes de propositions de missions pour les freelances et le portage salarial sont des outils propices à la pratique du slashing.

Le cumul des deux statuts, salarié et entrepreneur, offre l'avantage d'une situation financière en partie stable puisque le slasheur peut compter sur ses revenus salariaux pour assurer ses frais quotidiens et faire de ses bénéfices des compléments de ressources.

Slasheur sur le marché du travail

Pour une entreprise ayant une vision traditionnelle de l'organisation du travail, les slasheurs apparaissent souvent comme des profils instables. Les employeurs ont en effet des craintes spécifiques les concernant comme l'ennui, la volonté d'aller voir ailleurs, le besoin de liberté ou le manque de présence dans les moments cruciaux pour l'entreprise. De plus, leur plan de carrière n'étant pas spécifiquement tracé, il est souvent compliqué pour un manager de se projeter et de savoir pour combien de temps le salarié concerné est recruté.

Cependant, le développement des méthodes agiles ouvre des opportunités de développement du slashing. Les start-ups et entreprises innovantes voient aujourd'hui dans ces profils atypiques l'occasion d'employer des collaborateurs autonomes et de multiplier les formes de coopération. En effet, les slasheurs sont des salariés plus adaptables, plus enclins à relever des défis et à adopter de nouvelles pratiques. Les TPE, par exemple, ont besoin de flexibilité et évitent les candidats trop rigides.

Le recrutement de ces salariés spécifiques n'est donc pas toujours évident pour les entreprises et nécessite de la part des slasheurs de s'adapter pour convaincre. Cependant, il ne s'agit pas là d'un handicap pour eux, puisque c'est l'une de leurs principales forces. Ils devront se présenter clairement et avec concision pour mettre en avant les éléments dont l'entreprise a besoin, sans les noyer dans leurs autres compétences.

Conseils pratiques pour ceux qui souhaitent devenir slasheur

Pour entreprendre une « carrière » de slasheur, le candidat doit posséder plusieurs qualités organisationnelles et adaptatives. Il doit être :

• Méthodique
• Organisé
• Rigoureux
• Agile
• Créatif
• Flexible

De plus, le slasheur doit suivre un processus spécifique de mise en place de ses activités :

• Se fixer un ou plusieurs objectifs, un horizon.
• Chercher sa zone de talent et développer une synergie.
• Gérer l'organisation de ses différentes activités.
• Explorer les expressions de sa curiosité, la laisser s'exprimer par la recherche de connaissances et par l'autoformation.
• Accepter de ne pas rentrer dans les cases traditionnellement admises dans le milieu professionnel et les regards que cela génère.
• Développer ses capacités de réseautage professionnel pour trouver des clients, mais également des collaborateurs.

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