NFT : définition, intérêt et controverse d'une révolution numérique

Rédigé par : Amiel Adamony
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NFT

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Sacré mot de l'année 2021 par le célèbre dictionnaire Collins, le NFT fait de plus en plus parler de lui. Ce jeton non fongible n'est plus l'apanage des passionnés d'informatique et de jeux vidéo, et gagne progressivement de nouveaux secteurs.

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Dernièrement, le fils de John Lennon a vendu aux enchères plusieurs effets personnels des Beatles sous forme de NFT. Une vente particulière puisque les acquéreurs des notes manuscrites de Hey Jude et de la cape portée dans le film Help ! en sont devenus les propriétaires « virtuels ». En effet, Julian Lennon conserve physiquement ces objets souvenirs chez lui, dans sa collection personnelle, tandis que les acheteurs disposent désormais de leurs certificats numériques de propriété, soit leurs NFT.

Suivant ses propres codes, le marché des NFT bouleverse la notion traditionnelle de propriété. Il crée un nouveau pont vers un monde virtuel dans lequel est investi de plus en plus de temps. Cette révolution numérique en plein essor fascine et interroge. Entre intérêt et controverse, que sont exactement les NFT ? 

 

Qu'est-ce qu'un NFT ? 

Le NFT, acronyme de « non fungible token » en anglais ou « jeton non fongible » en français, est le titre de propriété unique d'un bien numérique ou, plus récemment, réel. Il distingue les originaux des copies et s'appuie sur la technologie blockchain. 

La notion de fongibilité est clé pour comprendre le fonctionnement des NFT. Est fongible ce qui est interchangeable. Par exemple, on dit de la monnaie qu'elle est fongible puisque deux billets de vingt euros, ou un billet de vingt euros et deux billets de dix euros, ont la même valeur et peuvent être échangés. Même chose pour les cryptomonnaies, un bitcoin équivaut à un autre bitcoin. Une peinture de maître, en revanche, est non fongible. Elle possède des caractéristiques propres qui font d'elle un objet singulier et ne peut être remplacée. Même si l'œuvre est reproduite, la copie ne sera jamais tout à fait identique à l'œuvre originale. 

Ne pouvant être plagié ni avoir plus d'un propriétaire, le NFT a un caractère unique et est ainsi, comme son nom l'indique, non fongible. Le possesseur d'un NFT ne pourra donc pas l'échanger contre un autre. Pour s'en séparer, il devra le vendre sur l'une des places de marché prévue à cet effet. Le NFT est rattaché à un objet, la plupart du temps numérique, auquel il apporte la preuve de propriété. Attention, il ne désigne pas l'objet lui-même mais les données qui prouvent sa détention. Ainsi, un NFT peut être le certificat de propriété exclusif d'une vidéo, d'une musique, d'une photographie, d'un élément de jeu vidéo, d'un ticket de participation à un évènement ou encore d'une œuvre d'art, pour ne citer que quelques exemples. 

L'exclusivité et le caractère unique du NFT sont garantis grâce au fonctionnement de la blockchain dans laquelle il est stocké. La blockchain est une base de données collective organisée en une chaîne de blocs. Lorsque des informations sont ajoutées à cette base de données, elles sont contrôlées et acceptées par les membres du réseau. Un nouveau bloc est alors créé et se rattache au dernier pour former une chaîne respectant un ordre chronologique. Une des spécificités de la technologie blockchain est que chaque bloc dispose de son propre codage, rendant presque impossible toute tentative de modification des informations qu'elle contient. Elle bénéficie donc d'une sécurité puissante. 

La vente et l'achat de NFT sont ouverts à tous et se réalisent généralement par le biais des cryptomonnaies. Mais pourquoi posséder ces jetons non fongibles ? 

 

Quels intérêts les NFT présentent-ils ? 

Une révolution de la propriété numérique 

Le NFT introduit la notion d'original et crée de la rareté dans le monde d'Internet où la copie est reine. En effet, les biens numériques ne sont pas rares par nature puisqu'ils peuvent être « copiés », « collés » et « enregistrés sous » à l'infini. Par exemple, lorsqu'une image digitale est créée et mise en ligne sur la toile, tous les internautes peuvent se l'approprier. Conséquence : le créateur de l'image perd la possession de sa création. Grâce au NFT, cette même image peut désormais être détenue par une seule et unique personne, et ce officiellement, tout en continuant de circuler sur le web. 

Comme pour un achat ou une vente immobilière chez le notaire, le certificat de propriété qu'incarne le NFT est inscrit dans un grand registre numérique, la blockchain. Cette dernière répertorie depuis sa création l'ensemble des échanges réalisés entre ses utilisateurs et fait foi. En vendant une œuvre numérique via un NFT, l'artiste s'assure qu'une personne en a toujours la possession vérifiée, même si cette œuvre reste à la disposition de tous. Révolution numérique, le NFT suscite un véritable changement cognitif puisque le propriétaire ne possède pas physiquement ce qu'il a acheté. En traçant les droits de propriété, les NFT luttent également contre le piratage et le plagiat. 

 

La fin des intermédiaires 

Les NFT marquent le passage du web 2.0 au web 3.0. Pour rappel, le web 2.0 a émergé au début des années 2000 avec la volonté d'être accessible à tous, facilement et sans capacités techniques. Ainsi, ouvrir un blog en quelques clics via Wordpress ou créer une communauté en s'inscrivant sur un réseau social comme Snapchat ou TikTok est aujourd'hui possible. Un des problèmes que pose le web 2.0 est que les utilisateurs ne possèdent ni leurs données ni l'infrastructure sur laquelle ils créent de la valeur. Ils sont tributaires de règles imposées par des plateformes intermédiaires. En 2016, de nombreux créateurs de contenu ont ainsi vu chuter leurs performances sur Instagram lors du changement d'algorithme du réseau. Du jour au lendemain, leurs posts ne s'affichaient plus dans le fil d'actualité d'une partie de leur communauté, réduisant significativement le taux d'engagement de leur compte. 

Fort de ce constat, le web 3.0. s'est donné pour ambition de permettre aux internautes d'être réellement propriétaires sur le web. Il propose une organisation décentralisée pour sortir d'une dépendance parfois contraignante. Le NFT en est l'un des emblèmes puisqu'il offre la possibilité de posséder soi-même de la valeur sans passer par un tiers. En effet, la blockchain sur laquelle il repose n'est pas stockée dans un seul et unique serveur mais fonctionne par le biais d'un réseau dit pair à pair. Les membres de ce réseau détiennent chacun une copie de la blockchain sur des ordinateurs connectés à travers le globe et valident en continu l'exactitude des données contenues dans les blocs. Ils sont à la fois client et serveur sans la nécessité de se connaître ni de se faire confiance. Plus la communauté grandit, plus la blockchain est sûre et ce, en dehors de toute autorité centrale.

 

Une revendication identitaire 

Les NFT sont accessibles à tous mais dans les faits, leur marché est encore niche. Pour ceux qui les possèdent, ils peuvent incarner un badge d'appartenance à une communauté nouvelle, à un club restreint. Uniques et rares par essence, les NFT sont désirables et séduisent les collectionneurs. Motivée par les tendances, l'esthétique et la passion pour les artistes, une collection d'objets numériques est semblable à celle des objets physiques. Comme l'achat d'une œuvre d'art témoignerait d'un certain statut social dans la « vraie vie », un avatar en NFT dit quelque chose de l'identité de celui qui le détient. Les NFT sont ainsi une prolongation de soi-même dans un monde virtuel. 

Selon le Digital Report 2021 publié par Hootsuite et We Are Social, les internautes français passeraient en moyenne par jour 5 h 37 sur Internet (dont 1 h 41 sur les réseaux sociaux), soit environ 35 % d'une journée comprenant 8 heures de sommeil. L'opposition entre le monde réel et le monde virtuel s'efface petit à petit, particulièrement chez les jeunes générations. Tout ce temps investi en ligne a une valeur et les NFT sont une manière d'en tirer parti et d'impacter positivement l'e-réputation de ses détenteurs. 

 

Pourquoi les NFT sont-ils si controversés ?

 

La spéculation financière

Le marché des NFT est intimement lié aux cryptomonnaies puisqu'elles sont leur monnaie d'échange privilégiée. Le boom qu'ont connu les cryptomonnaies ces dernières années a enrichi de nombreux investisseurs. Une partie réinjecte les bénéfices générés dans les NFT afin de réinvestir dans l'écosystème et le soutenir puisque, comme expliqué précédemment, les NFT et les cryptomonnaies reposent tous deux sur la technologie blockchain. Cette conjoncture serait une explication à l'envolée des prix des NFT. Les ventes à plusieurs millions d'euros se multiplient et révèlent le potentiel spéculatif des jetons cryptographiques. L'une des plus importantes à ce jour : 69,3 millions de dollars lors d'une vente aux enchères chez Christie's pour le NFT de l'œuvre numérique Everydays : the First 5 000 Days créé par l'artiste Beeple. 

Ainsi, les NFT ne séduisent pas seulement les collectionneurs passionnés, mais aussi des investisseurs flairant le prochain bon coup. Un engouement spéculatif qui pose aussi des questions d'ordre éthique, est-ce qu'un tweet peut raisonnablement être vendu plus de 2 millions de dollars ?

 

Un coût environnemental 

La pollution numérique du NFT et son impact environnemental sont montrés du doigt. La plupart des NFT reposent sur la blockchain Ethereum dont la sécurité des transactions est garantie via un système de validation collaboratif appelé « preuve de travail » (Proof of Work PoW en anglais). Cette grande puissance de calcul requiert des ordinateurs et des cartes graphiques toujours plus puissants, énergivores et nécessitant l'extraction de métaux rares. L'année 2021 a notamment connu une pénurie de cartes graphiques traquées par les membres du réseau de la blockchain, les « mineurs », de plus en plus nombreux. À l'empreinte carbone de la création des NFT s'ajoutent celles de l'usage des cryptomonnaies nécessaires à leur achat, des serveurs hébergeant les biens virtuels auxquels ils sont rattachés ainsi que des technologies nécessaires à l'organisation de leurs enchères. La facture énergétique s'alourdit rapidement. 

Mesurer précisément l'impact écologique des NFT est cependant compliqué à cause de l'opacité qui entoure l'activité des mineurs. Des solutions tentent d'être mises en place comme le recours à l'énergie verte pour faire tourner les ordinateurs en réseau ou le remplacement du système de validation « preuve de travail » très énergivore par un processus de « preuve d'enjeu » (Proof of Stake PoS en anglais). Le principe : au lieu de demander à la majorité des membres du réseau de valider les calculs de la blockchain, un « validateur » est désigné au hasard pour se charger du minage du prochain bloc. Un protocole beaucoup moins polluant sur le papier mais qui n'a pas encore été mis en place.

 

Une technologie de rupture 

Le fait que les NFT existent exclusivement en ligne et qu'ils ne soient par conséquent pas « palpables » perturbe. En effet, les NFT s'achètent via des « wallets », des portefeuilles électroniques dans lesquels ils sont stockés. Ils n'ont donc rien de physique, pas plus que les biens achetés puisqu'ils sont également numériques pour la grande majorité. Même dans le cas où le NFT est rattaché à un objet « réel », l'acheteur n'y a pas directement accès, ce qui peut être décevant et difficilement compréhensible. 

La nouveauté et le manque de compréhension entraînent une résistance au changement. Les NFT rompent avec les pratiques antérieures, perturbent l'existant et le changent de point en point. Ils arrivent en rupture avec ce qui est d'habitude pratiqué et nécessitent un véritable effort d'adaptation de la part des novices.

 

Un flou juridique et des limites 

L'un des problèmes que pose le caractère disruptif des NFT est que le marché n'a pas encore de règles véritablement établies. Face à l'essor des jetons non fongibles, une juridiction se met en place mais n'en est qu'à ses balbutiements. Les prix ne sont pas encore encadrés. N'importe qui peut décider de créer un NFT et l'acheteur doit s'assurer lui-même de la crédibilité du vendeur. Certains artistes ont notamment vu leurs œuvres vendues en NFT sans leur accord. 

Autre limite, le NFT n'induit pas la propriété intellectuelle ou artistique de l'œuvre achetée. L'acheteur ne peut donc pas modifier l'œuvre, en faire quelque chose de nouveau ou la dupliquer à des fins économiques. En effet, lorsqu'il investit dans un NFT, l'acheteur acquiert le certificat de propriété de l'œuvre mais pas l'œuvre elle-même. Par conséquent, il n'a en sa possession que les droits sur le NFT qu'il peut revendre aux enchères s'il le souhaite. 

Simple bulle spéculative ou changement profond au réel avenir, comme toute technologie disruptive, il est difficile de prévoir l'évolution des NFT. Ce qui est certain, c'est que leur marché connaît une grande volatilité. Tout investissement financier comporte des risques et il est essentiel de bien s'informer avant de se lancer dans les NFT.

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Sujets : Cybersécurité

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