De plus en plus prégnants, les grands questionnements environnementaux pointent du doigt la production excessive de déchets et l’épuisement des ressources. En France, la loi anti-gaspillage en faveur d’une économie circulaire prévoit notamment l’interdiction des plastiques à usage unique à partir de 2040. Dans un contexte de pollution en hausse exponentielle et d’éco-anxiété, le monde du packaging a mauvaise presse et doit se réinventer. Les entreprises ont conscience de la nécessité de faire évoluer leurs pratiques et les défis sont multiples pour atteindre un packaging durable, potentiel avantage concurrentiel. L’emballage de demain se veut sain, performant et écologique.
Qu’est-ce qu’un packaging ?
Le packaging caractérise l’ensemble des techniques de conditionnement et d’emballage d’un produit. Le conditionnement est l’enveloppe première du produit (une bouteille de shampoing) tandis que l’emballage est le contenant supplémentaire permettant d’assurer la conservation, le stockage et la manutention du produit dans les meilleures conditions possibles (un pack-carton regroupant 20 bouteilles de shampoings). Le packaging a pour mission première de faciliter l’utilisation du produit et de le protéger. Il lui sert en effet de contenant dans un souci d’hygiène et de sécurité afin d’éviter sa détérioration et de porter atteinte à la santé du consommateur. En cas de transport, il conserve le produit en parfait état du point de départ en usine jusqu’à l’arrivée en boutique ou directement chez l’usager.
Par ailleurs, le packaging est la première chose que les consommateurs voient lorsqu’ils recherchent ou reçoivent un produit. L’apparence joue donc un rôle essentiel. Elle séduit le consommateur et lui donne envie d’acheter ou d’utiliser le produit convoité. Un packaging réussi prend en compte les désirs et les besoins du client cible. La taille et la forme épousent correctement le produit. Le design est soigné, il reflète l’identité visuelle de la marque et se singularise à l’aide de couleurs, de textures, d’un logo et d’une baseline qui lui sont propres. Le packaging permet également de donner des informations importantes voire des mentions légales et obligatoires sur le produit.
La plupart du temps, les packagings sont jetables pour des questions d’hygiène, de coût, de rapidité et d’économie de service, entre autres. L’usage unique du packaging est néfaste pour l’environnement mais d’autres solutions sont possibles pour rendre le packaging plus durable et écoresponsable.
Les défis du packaging au service de la transition écologique
Réduire
Un emballage au service de la transition écologique veut minimiser son impact sur la planète et priorise sa revalorisation. Pour ce faire, supprimer le suremballage semble être une première étape évidente et inévitable. Les packagings doivent d’abord être réduits pour ne produire que le juste nécessaire. Optimiser, chasser le superflu et réfléchir au strict indispensable devient un véritable enjeu pour les entreprises qui sont de plus en plus nombreuses à proposer de nouvelles alternatives telles que le vrac, la recharge et le grand format.
Le vrac est une méthode de commercialisation d’un produit sans conditionnement et sans emballage. Le consommateur sélectionne la quantité de produit dont il a besoin et l’introduit dans son propre contenant. La recharge, quant à elle, permet au consommateur de racheter le produit sans nécessairement racheter son packaging. L’emballage principal se conserve plus longtemps et le produit à racheter se trouve dans un conditionnement plus léger et fin appelé recharge. Cette dernière contient moins de matière et utilise donc moins de ressources. Des marques comme Guerlain proposent par exemple des rouges à lèvres rechargeables. Une fois le rouge à lèvres terminé, le consommateur peut racheter une cartouche du produit qu’il n’aura qu’à réinsérer dans le tube initial. Enfin, le grand format participe également à diminuer la production d’emballages. Un paquet de pâtes de 5 kg représente en effet moins d’emballages que 10 paquets de 500 g de pâtes.
La réduction des packagings passe en outre par la restriction des matières « problématiques » pour l’environnement. Elle requiert de se tourner vers l’écoresponsable. Une matière écoresponsable est fabriquée à partir d’éléments naturels, sans substances chimiques ou dangereuses pour la santé humaine. Elle est non énergivore, c’est-à-dire peu gourmande en CO2 et utilisable sur le long terme. Dans le cas du packaging, la provenance des matériaux nécessite une attention particulière. Par exemple, le papier et le carton doivent émaner de forêts gérées de façon durable, visant une régénération naturelle des arbres et une gestion forestière économiquement viable. Des labels tels que PEFC s’y engagent. La fabrication du packaging doit être locale et ne pas utiliser de produits toxiques, notamment pour les impressions. Pour finir, les matériaux utilisés doivent être solides, qualitatifs et recyclés ou biodégradables. Des marques comme XMP Packaging ou TIPA sont devenus expertes dans la création de packagings écoresponsables. Au revoir barquettes en aluminium et coques en polystyrène, bonjour couverts en bambou, pailles en carton et récipients comestibles.
Recycler
En France, selon ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie), les emballages représentent environ un tiers des déchets ménagers produits chaque année. Lorsque ces déchets ne sont pas correctement traités, ils polluent et influent négativement sur la qualité de l’air, de l’eau, des sols et de la biodiversité. C’est pourquoi, pour être plus respectueux de l’environnement, le packaging se doit d’être recyclable. Le recyclage s’entend ici de deux façons : un packaging qui peut se recycler et/ou un packaging fabriqué à partir de matériaux recyclés. Le recyclage des emballages permet la récupération des matières premières, la limitation de production de nouveaux déchets et la réduction des coûts liés à l’élimination des déchets. Il est également un vecteur d’amélioration de l’image de l’entreprise en tant qu’acteur responsable sur le plan environnemental.
Le papier-carton est le matériau d’emballage le plus recyclé car le plus facile à recycler. Obtenu à partir de fibres de bois naturelles, il est décomposé en pâte à papier, puis transformé à nouveau en carton. Le verre et le métal arrivent en général en seconde position des matériaux d’emballage les plus aisément recyclables. Même s’il est beaucoup utilisé, le plastique est quant à lui moins facile à recycler, d’autant qu’il en existe plusieurs types. Afin de maximiser le potentiel de recyclage des matériaux utilisés pour le packaging de leurs produits, les entreprises doivent comprendre les avantages et défis liés à chacun d’entre eux. La transparence est toujours de mise. Les emballages recyclables sont clairement indiqués comme tels à l’aide de symboles intelligibles. Les points de collecte accessibles et les instructions de recyclage sont également mis en évidence à même le packaging. Le recyclage peut être source d’innovation grâce à l’utilisation de matériaux recyclables inédits. Il participe à repenser la conception des emballages.
Réutiliser
La réutilisation est un excellent outil pour faire du packaging un objet durable plutôt que jetable. L’emballage s’utilise alors à nouveau, de manière identique ou à d’autres fins. Il devient un objet que le consommateur a envie de conserver chez lui ou avec lui. De nombreuses marques de mode proposent par exemple à leurs clients des tote bags plutôt que des sacs en papier kraft pour emporter les vêtements achetés. Ces tote bags peuvent être réutilisés pour porter les courses, emmener un ordinateur portable au travail, etc. Attention néanmoins, les sacs réutilisables en coton peuvent avoir une plus grande empreinte carbone lors de la production que les sacs classiques en plastique, mais celle-ci est compensée en fonction du nombre d’utilisations. Les sacs réutilisables en coton présentent l’avantage d’être lavables, personnalisables et biodégradables. Un sac en plastique est plus rentable en cas de commande en gros et réduit les risques en matière de sécurité alimentaire. Il prend en revanche plusieurs centaines d’années à se décomposer, et pollue les sols et les océans entre temps.
Dans cette optique de réutilisation, le système de consigne retrouve peu à peu de sa superbe. Le principe : l’acheteur verse une somme d’argent pour le conditionnement du produit qu’il vient d’acquérir, la consigne, qui lui est rendue lorsqu’il retourne le conditionnement afin que celui-ci soit réemployé. Les packagings consignés sont alors nettoyés et réutilisés plusieurs fois. La consigne allonge la durée de vie des conditionnements, elle réduit les déchets qui en sont issus ainsi que les impacts environnementaux liés à leur gestion et à la fabrication de nouveaux emballages. Néanmoins, les contraintes techniques sont fortes, notamment en termes de logistique et d’harmonisation des conditionnements. Longtemps pratiquée en France, la consigne est en particulier utilisée dans les années 50 pour les bouteilles de lait en verre et les boîtes d’œufs en carton. La consigne des années 2020 doit s’adapter à de nouveaux défis : la mobilité des citoyens, la décentralisation de la production alimentaire, les circuits de distribution interrégionaux, voire internationaux, les nouvelles habitudes alimentaires ou encore des réglementations qualité inédites. Le bilan carbone de la consigne dépend aussi de la distance des trajets effectués et des modes de transports utilisés pour la collecte et le reconditionnement. La consigne nécessite la structuration d’une filière dédiée, très développée en Allemagne et en Belgique, principalement pour le commerce de la bière.
La route vers un packaging durable est encore longue mais de nombreuses initiatives voient déjà le jour. L’hyperpersonnalisation facilite la réutilisation des packagings grâce à la technologie d’impression numérique avec des messages personnalisés, des motifs inédits ou encore le prénom du client. Le recours au digital, via le QR code et la réalité augmentée, améliore la traçabilité des packagings, simplifie l’accès à un ensemble d’informations sur leurs compositions et peut participer à la mise en place de tris intelligents dans une optique de transparence et d’éthique.