Bambou, bois issu de forêts gérées durablement, bagasse, verre sont autant d'alternatives détrônant peu à peu le roi du packaging : le plastique. L'impact visible et considérable de ce dernier sur la pollution des océans et de la nature a fait drastiquement évoluer le regard des consommateurs ces dernières années. De surcroît, depuis le 1er janvier 2022 en France et sous l'impulsion de la loi AGEC anti-gaspillage, la production d'emballage ou de sacs en plastique oxodégradable est interdite. Chaque année, de nouvelles interdictions voient le jour avec pour objectif la sortie définitive du plastique jetable d'ici à 2040. L'emballage devient un nouvel enjeu majeur pour les entreprises et est soucieux d'accélérer sa transition vers une économie circulaire et un packaging durable.
Qu'est-ce qu'un packaging durable ?
Contrairement à l'emballage classique, le cycle de vie de l'emballage durable est pensé pour limiter son impact sur la planète. Chacune des étapes de ce cycle de vie, de l'extraction des matières premières à la fin de vie de l'emballage, en passant par la fabrication, le transport, la distribution et la durée d'usage, exploite les ressources environnementales de façon raisonnée et optimisée, dans un souci d'amélioration constante. La durabilité se fait l'antonyme du jetable, elle vise le long terme et une empreinte carbone faible.
Un packaging durable est un packaging au service de l'économie circulaire. Portée par une vision systémique et un des maillons de la transition écologique, l'économie circulaire répond aux enjeux de réduction de la production de déchets et du gaspillage des ressources. Elle induit une éco-conception de l'emballage, une consommation responsable par un usager mieux informé des problématiques environnementales, un allongement de la durée de vie de l'emballage ainsi qu'une priorisation de la revalorisation de ce dernier.
Un packaging durable est recyclé, recyclable et/ou réutilisable. L'emballage recyclable doit pouvoir être collecté et traité pour être réemployé sous forme de matière première ou d'un nouvel emballage. L'emballage recyclé est fabriqué à partir de matériaux déjà recyclés et est, la plupart du temps, lui-même recyclable. La proportion de matériaux recyclés nécessaires à la fabrication de l'emballage doit désormais être obligatoirement renseignée. Un emballage réutilisable est, quant à lui, conçu pour pouvoir être utilisé plusieurs fois par le consommateur, sans qu'il s'altère. Idéalement, le packaging durable est également local, il ne nécessite que peu ou pas de transport ; bio-sourcé, il utilise des matières écologiques, renouvelables et issues du vivant comme les végétaux ; et biodégradable, il peut se décomposer en moins de 6 mois à l'aide des micro-organismes présents dans la nature.
Le packaging durable s'inscrit dans une économie verte. Il émet moins de CO2, réduit le volume des déchets incinérés et limite la production de nouveaux emballages à usage unique. Dans le même temps, il cherche à être financièrement viable pour les entreprises qui le fabriquent ou l'achètent.
Packaging durable : exemples de la restauration rapide et des cosmétiques
Emballage alimentaire écologique, la restauration rapide évolue
Grande consommatrice d'emballages, la restauration rapide est particulièrement touchée par le sujet de la gestion des déchets et de l'optimisation des packagings. Pendant de nombreuses années, gobelets, couverts, pailles et boîtes étaient fabriqués pour être consommés le temps d'un repas, puis jetés à la poubelle.
Concernant le service à table, la loi AGEC (Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire) interdit la vaisselle jetable depuis le 1er janvier 2023. Dans les fast-foods français, la vaisselle est désormais collectée, nettoyée et réutilisée. Ainsi, McDonald's a remplacé les gobelets fermables par des verres en verre de différentes tailles et les cornets en carton de frites par des cornets rigides, arborant toujours l'emblématique couleur rouge du géant américain. Les iconiques boîtes Happy Meal pour enfants ne sont plus jetables et le célèbre Sundae est également servi dans une vaisselle en verre. Ce changement d'habitudes requiert l'instauration de nouveaux gestes de la part des restaurateurs mais aussi de la clientèle qui, habituée à jeter l'ensemble des emballages et des restes, doit faire sa part. La vaisselle réutilisable impose aux entreprises de relever des défis inédits de manutention, de lavage et de stockage au sein du restaurant. Par ailleurs, les gérants peuvent faire face à des problématiques de pertes d'emballages.
L'explosion de la livraison à domicile par le biais de sociétés de services comme Uber Eats, Frichti et Deliveroo a fait décoller les ventes à emporter de la restauration rapide. Depuis plusieurs dizaines d'années, le plastique à usage unique est largement employé pour sa légèreté et sa résistance. En plus d'être économique, il est réputé pour conserver les aliments de manière fiable, sécuritaire et hygiénique. Pour pallier le manque de recyclabilité du plastique à usage unique, la restauration rapide se tourne de plus en plus vers des plastiques nouvelle génération tels que le PET, le rPET et le PLA. Pétro-sourcé, le PET (polyéthylène téréphtalate) appartient à la famille des polyesters et est dit recyclable. Son petit frère, le rPET, est constitué à partir de déchets triés et recyclés. Le PLA (acide polylactique aussi appelé bioplastique) est un polymère synthétique dit biodégradable. Très rigide, robuste et transparent, il est fabriqué à base d'amidon de maïs ou de betterave sucrière et convient aux préparations froides et aux boissons. Néanmoins, selon Zero Waste France, ces nouveaux plastiques, loin d'être une solution miracle pour endiguer la pollution générée par les packagings, nécessitent des conditions de compostage et de recyclage pouvant être compliquées à réunir.
Pour ses emballages alimentaires dédiés à la livraison, la restauration rapide se tourne de plus en plus vers d'autres alternatives aux plastiques et bioplastiques comme le carton, un matériau écologique, biodégradable, compostable et recyclable. Léger et solide, il est apte au contact alimentaire et conserve la qualité nutritionnelle des plats chauds et froids, sans altération de l'odeur ni du goût. Le bambou est aussi de plus en plus prisé. Cette plante grandit très rapidement et protège correctement la nourriture des agressions extérieures. Résidu fibreux issu du broyage de la canne à sucre une fois le suc extrait, la bagasse est micro-ondable, résistante aux liquides et permet une bonne isolation thermique. Principalement composée de cellulose, une fibre végétale, la bagasse est esthétique et durable.
Packaging beauté, quand les cosmétiques réduisent leur impact
Le packaging joue un rôle de premier plan sur le marché des cosmétiques. Premier lien avec le client, il lui donne envie d'acheter ou non le produit convoité. Le secteur de la beauté connaît une mutation profonde. Sur le fond, la clean beauty gagne du terrain, supprimant de ses formules les actifs issus de la pétrochimie et les substances controversées pour donner la part belle aux ingrédients d'origine naturelle, plus respectueux de la peau et de la planète. Sur la forme, l'emballage prend également ses responsabilités. Les recharges sont en plein essor et s'articulent selon différentes options. D'un côté, l'emballage est pensé pour pouvoir être rechargé. Tata Harper propose ainsi des crèmes qui s'insèrent directement dans des packagings rechargeables. Le consommateur n'a plus qu'à glisser la nouvelle cartouche dans le pot initialement acheté et à retirer l'opercule pour pouvoir accéder au produit. D'un autre côté, les marques proposent des emballages vides à remplir en magasin comme The Body Shop qui met à disposition de ses clientes des stations de recharge pour shampoings, après-shampoings, gels douche et savons liquides pour les mains.
Progressivement, les marques de cosmétiques limitent les emballages inutiles et évitent le suremballage. Dans une démarche d'éco-conception du packaging beauté, le plastique vierge est délaissé au profit, comme pour la restauration rapide, du carton ou de tout autre matériau écologique. Entièrement recyclable à l'infini, l'aluminium est également apprécié pour les déodorants et les gels douche. Le format compressé gagne du terrain. Initié par le groupe Unilever, il contient 50 % de gaz en moins et permet autant d'utilisations qu'un aérosol de taille classique dans un emballage deux fois plus petit. Moins encombrant et moins lourd, il est stocké en plus grandes quantités sur les palettes, impactant ainsi positivement son transport.
Dans cette optique d'optimisation et de rationalisation du packaging des cosmétiques, la marque Payot a supprimé depuis 2017 l'ensemble de ses notices en papier. Les emballages sont consciemment réduits tout en conservant une protection optimale du produit. Les étuis sont fabriqués à partir d'une nouvelle qualité de carton entièrement recyclé et issu de forêts gérées durablement. Le papier utilisé est non couché et sans verni, et le pelliculage argent a été abandonné. L'objectif ultime de la marque : la neutralité plastique en 2030.
Alors que les lois commencent à mettre la pression sur les entreprises, les initiatives se multiplient pour recourir à un packaging plus durable et respectueux de l'environnement. L'ensemble des secteurs de la restauration rapide et de la beauté a néanmoins encore du chemin à parcourir pour atteindre le zéro plastique et une empreinte carbone neutre.