Le développement des technologies a une incidence sur le marché du travail : les entreprises ont besoin de nouvelles compétences, et doivent adapter leurs process internes. S'ajoute à cela une évolution des mentalités : seuls 26 % des jeunes actifs de la génération Z se projettent toute leur vie dans le même métier. Transition digitale et tendance croissante à la mobilité professionnelle : en réponse à ces enjeux, la formation s'affiche comme un levier de premier plan. C'est dans ce contexte qu'apparaissent de nouveaux concepts tels que le cross-skilling.
Qu'est-ce que le cross-skilling ?
Le cross-skilling est l'ensemble des actions de formation destinées à faire acquérir des compétences transversales aux collaborateurs. Le cross-skilling permet notamment de décloisonner les entreprises, dans un objectif de travail collaboratif. La pratique s'observe particulièrement dans l'environnement des start-ups.
Quelles différences entre le cross-skilling, l'upskilling et le reskilling ?
Cross-skilling, upskilling et reskilling : ces trois anglicismes récents désignent des actions de formation. Chaque pratique poursuit un objectif différent, et nécessite de mettre en œuvre des moyens distincts.
- Le cross-skilling consiste à former les collaborateurs à des tâches périphériques, a priori en dehors de leurs responsabilités. Le cross-skilling offre une compréhension globale du fonctionnement d'une entreprise, et permet d'avoir des collaborateurs polyvalents. Il ne s'agit pas d'apprendre ni d'exercer un nouveau métier, mais d'acquérir des compétences complémentaires pour augmenter la performance du travail en équipe. Les modalités pédagogiques du cross-skilling sont informelles en comparaison avec l'upskilling et le reskilling.
- L'upskilling poursuit un objectif de montée en compétences au sein d'une entreprise. L'upskilling est notamment mis en œuvre pour former un collaborateur à de nouveaux outils digitaux, ou pour lui permettre de faire évoluer sa carrière en interne. L'upskilling s'effectue alors que le collaborateur est en poste, grâce à la formation continue.
- Le reskilling s'inscrit majoritairement dans le cadre d'une reconversion professionnelle. Un candidat à un poste ne dispose pas des compétences techniques, mais ses soft skills convainquent l'employeur de l'embaucher et de le former au poste, directement en interne ou via un organisme de formation externe. Pôle Emploi déploie à cet effet des aides financières à la formation préalable à l'embauche, dans le cadre d'une AFPR ou d'une POEI. Pour les entreprises, le reskilling est un moyen de faire face à une pénurie de talents. À noter que le reskilling est également utilisé par les entreprises lorsqu'un collaborateur souhaite changer de poste en interne.
Voici une illustration simple pour comprendre les différences entre cross-skilling, upskilling et reskilling :
- L'upskilling permet à un commercial de devenir manager d'une équipe de vente.
- Le reskilling permet à un commercial de faire du marketing digital.
- Le cross-skilling permet à un commercial de collaborer efficacement avec l'équipe marketing.
Quels sont les avantages du cross-skilling ?
- Augmenter la performance du travail en équipe
- Renforcer la cohésion des équipes
- Motiver les collaborateurs
- Améliorer l'employabilité des collaborateurs
- Anticiper les transformations
1 - Augmenter la performance du travail en équipe
Dans le cadre d'un projet d'équipe, il est important que tout le monde parle le même langage. La collaboration gagne ainsi en fluidité, et le travail est accéléré. Grâce au cross-skilling, les collaborateurs sont familiarisés avec le fonctionnement de tous les services de l'entreprise : chacun comprend le langage de l'autre.
Le cross-skilling favorise en outre la proactivité et l'innovation. Un collaborateur en effet devient capable de sortir de sa fiche de poste, et d'être force de proposition sur des sujets qui sont a priori hors de son champ de compétences.
Globalement, le cross-skilling est déterminant de la performance d'un projet collaboratif. Quand chaque collaborateur comprend de bout en bout les enjeux et les process, qu'il dispose d'une vision globale et de compétences transversales, le travail est plus efficace. C'est d'ailleurs pourquoi la tendance est à décloisonner l'entreprise.
2 - Renforcer la cohésion des équipes
Le cross-skilling fait prendre conscience à chaque collaborateur que son succès est dépendant du succès de son collègue, et inversement. Résultat : les équipes travaillent main dans la main, dans un objectif de réussite commune.
La cohésion des équipes est également renforcée du fait des modalités pratiques du cross-skilling. Pour former les collaborateurs à des compétences transversales, les managers utilisent, entre autres, des méthodes d'apprentissage collectif. De fait, des liens se tissent plus favorablement.
3 - Motiver les collaborateurs
Les mouvements de « quiet quitting » et « act your wage » prennent de l'ampleur sur les réseaux sociaux : la tendance est au désengagement.
Le cross-skilling est un moyen efficace pour engager les collaborateurs, car l'apprentissage par la formation est un levier de motivation et d'implication. Les collaborateurs sont stimulés intellectuellement, et leurs nouvelles compétences leur permettent de diversifier leurs tâches, afin de rendre leur travail moins routinier.
La motivation des collaborateurs au travail représente un enjeu précieux pour les entreprises. Cela permet en effet de fidéliser les talents.
4 - Améliorer l'employabilité des collaborateurs
Les compétences transversales d'un salarié représentent un atout sur le plan de son employabilité, en interne comme en externe. Dans un contexte où la mobilité professionnelle est accrue, les collaborateurs sont reconnaissants envers leur employeur pour les actions de cross-skilling qu'il met en place pour améliorer leurs hard skills comme leurs soft skills.
Pour les entreprises, l'amélioration de l'employabilité des salariés se répercute directement sur la marque employeur.
5 - Anticiper les transformations
Le cross-skilling permet d'avoir des collaborateurs flexibles, adaptables et polyvalents. C'est un atout de taille dans le cas où l'activité de l'entreprise subit une évolution inattendue, une situation qui s'avère fréquente en start-up. La polyvalence, l'adaptabilité et la flexibilité des collaborateurs aident en effet à réagir vite et à se réorganiser efficacement, pour maintenir une activité.
Comment développer le cross-skilling ?
Le cross-skilling se fait relativement naturellement, au contact les uns des autres. À mesure des projets d'équipe, en effet, les collaborateurs d'une entreprise apprennent du travail de leurs collègues, et acquièrent ainsi des connaissances complémentaires à leur propre expertise métier. Progressivement, ils développent alors des compétences transversales.
Pour favoriser le cross-skilling, les managers peuvent néanmoins mettre en place des actions spécifiques :
- Proposer des supports pédagogiques pour accélérer l'acquisition des compétences. Il est important à cet égard de garder en tête que le cross-skilling est sur la base du volontariat : un manager ne peut pas imposer à un collaborateur d'apprendre et d'exercer des compétences en dehors de ses missions contractuelles. Dans ce contexte, les contenus et les méthodes pédagogiques doivent être ludiques et facilement accessibles. Le format du microlearning, par exemple, est adapté.
- Utiliser des outils collaboratifs pour permettre le partage des informations. L'accès aux données est en effet essentiel en cross-skilling, car les données facilitent la compréhension des enjeux et des process liés aux compétences transversales que les collaborateurs souhaitent acquérir.
- Créer des équipes pluridisciplinaires pour permettre aux collaborateurs d'apprendre au contact les uns des autres. À l'occasion du lancement d'un nouveau produit, par exemple, les managers peuvent réunir l'équipe de vente et l'équipe marketing dans un objectif commun.
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