Dans le domaine informatique et du développement logiciel, les équipes sont souvent amenées à faire un choix entre deux méthodes de gestion de projet : le cycle en V, méthode dite traditionnelle, ou la méthode agile.

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La méthode traditionnelle du cycle en V prévoit une planification stricte du déroulement du projet pour viser une livraison unique et complète du produit finalisé. Le client ne pourra donc pas faire évoluer sa demande en cours de projet. La méthode agile place quant à elle la demande du client et l'amélioration continue au cœur du projet. La planification se veut plus souple et prévoit une co-construction des fonctionnalités en se nourrissant des feedbacks des utilisateurs.

Développée au cours des années 1980 dans le domaine de l'industrie, la méthode du cycle en V prend alors une place importante dans les projets informatiques et de développement logiciel. Dérivée du modèle en cascade, ou waterfall, cette méthode d'organisation et d'avancement des activités comporte une phase descendante et une phase ascendante, représentées sous forme de V. La première, descendante, correspond à l'étape de conception et la phase ascendante, à celle de vérification et de validation. La méthode du cycle en V englobe ainsi tous les éléments de la réalisation d'un projet depuis le début de sa conception jusqu'au moment de sa livraison.

Depuis quelques années, la méthode agile prend le pas sur le cycle en V dans le domaine informatique. C'est une autre façon d'aborder la gestion et la mise en œuvre de projet. En réalité, il n'existe pas une seule méthode agile, mais plusieurs comme Scrum, Kanban ou Extreme Programming. Ces différentes méthodes agiles découlent du « Manifeste agile » rédigé en 2001 par 17 experts en développement de projets informatiques. Ce document précise 12 principes universels définissant la notion d'agilité et regroupe quatre grandes valeurs : les individus et les interactions, les fonctionnalités opérationnelles, le travail des équipes de développement en collaboration avec les clients et l'ajustement au changement.

Les différences entre la méthode du cycle en V et la méthode agile

Le cycle de vie du projet

Le cycle en V se compose de phases séquentielles et linéaires pour la conception, la réalisation et la validation du projet. Celles-ci se caractérisent par différentes étapes : l'analyse des besoins, les spécifications, la conception architecturale, la conception détaillée, la réalisation, ainsi que les tests unitaires, d'intégration et d'acceptation. La méthode s'appuie sur un principe de projet non itératif, qui nécessite une vision très claire et détaillée du client sur le projet à réaliser. En cas de changement en cours de développement, il est difficile, voire impossible, de revenir en arrière puisque chaque phase d'avancement doit être validée avant de passer à la suivante.

La méthode agile permet de développer un logiciel avec un processus itératif. Cela consiste à découper la réalisation du projet en différentes étapes appelées itérations, ou sprints, donnant lieu à la répétition d'une série d'opérations. Le produit va ainsi être développé au fur et à mesure, étape par étape. En cas de changement de fonctionnalité ou de demande d'évolution du projet, l'équipe de production aura davantage de possibilités pour intervenir.

La planification de projet

La méthode du cycle en V nécessite de planifier toutes les étapes de production et de validation en amont du lancement du projet. Il est primordial d'identifier dès le début les besoins et les exigences du client, son budget et le résultat attendu. La rédaction d'un cahier des charges détaillé est donc indispensable.

Avec une méthode agile, la planification de projet s'effectue par étape, appelée itération, où la participation de toutes les parties prenantes est obligatoire. Le client et l'équipe projet se réunissent donc régulièrement. Les étapes de production sont alors adaptées en fonction de nouvelles demandes ou des ajustements potentiels grâce aux tests et aux processus de validation effectués tout au long de la réalisation.

L'équipe projet

La méthode du cycle en V ne demande aucune formation supplémentaire de l'équipe ce qui facilite de manière significative sa mise en place. Tous les éléments étant définis en début de projet, cette méthode nécessite seulement quelques points de suivi et de pilotage et l'équipe doit avant tout prendre en compte le caractère linéaire du cycle en V.

L'application d'une méthode agile demande une implication plus importante des membres de l'équipe. Ces derniers suivent et appliquent collectivement les décisions validées par le chef de projet tout en échangeant sur les problèmes rencontrés. La méthode agile suppose un décloisonnement des missions, ce qui renforce la productivité et la cohésion de l'équipe.

La documentation

Le cycle en V implique la production d'une documentation importante et détaillée en amont du projet notamment le recueil des besoins, le cahier des charges ou la recette. Plus cette documentation sera détaillée, moins l'entreprise prendra de risque sur les processus de réalisation et de validation. Ces documents restent pour autant théoriques et conceptuels jusqu'à la mise en place du produit et jusqu'au moment de sa validation en condition réelle.

La rédaction de documentation en méthode agile se résume au strict nécessaire et se construit souvent au fur et à mesure du projet. Le lancement de la production intervient donc plus rapidement qu'avec la méthode du cycle en V.

La livraison du produit

Du côté de la méthode du cycle en V, la livraison n'intervient qu'en fin de cycle de développement du projet. Elle s'effectue donc tardivement, puisque toutes les fonctionnalités doivent être réalisées et testées avant la livraison finale du produit.

L'utilisation d'une méthode agile donne lieu à une livraison fractionnée. Les fonctionnalités sont développées les unes après les autres, selon une priorisation établie en début de projet. Ces différentes phases d'itération permettent au client de recevoir un produit non finalisé assez rapidement. L'utilisation précoce, même partielle, permet de tester le produit en situation réelle.

Le contrôle qualité

Les équipes qui utilisent le cycle en V vérifient la qualité du logiciel au moment de la livraison, à la fin du cycle de production. La linéarité des étapes implique également un manque de communication entre les différents intervenants. Cette méthode engendre donc un effet tunnel avec un manque de visibilité et de contrôle qualité tout au long de la phase de réalisation.

Les méthodes agiles comme Scrum permettent un contrôle qualité précoce, à chaque livraison partielle. Le client peut ainsi visualiser et tester le produit assez tôt. Une méthode agile permet également de faire tester un système en continu par les utilisateurs finaux. Il est donc plus simple d'identifier les éventuelles modifications à apporter au logiciel tout en renforçant sa stabilité.

La détection des risques

La méthode du cycle en V ne permet de détecter les risques que tardivement puisqu'il faut attendre la fin du développement pour mettre en application la phase de test du produit.

La flexibilité permise par la méthode agile garantit une meilleure réactivité et une diminution des risques.

La visibilité sur l'avancement du projet

L'effet tunnel du cycle en V ne permet pas de visualiser l'avancement du travail effectué sur le développement du logiciel. Le client devra donc attendre la livraison finale du produit pour le tester, sans aucune possibilité de demande d'amélioration.

À l'inverse, la méthode agile apporte une meilleure visibilité sur l'évolution du projet. Les phases régulières de validation, d'amélioration et d'échanges avec les clients et au sein de l'équipe permettent d'ajuster la planification.

Les questions à se poser pour choisir la bonne méthode

Maintenant que la différence entre cycle en V et méthode agile est établie, la méthode agile peut paraitre plus attractive et plus efficace. Le cycle en V résiste pourtant et peut toutefois être privilégié pour certains projets. Il convient alors de se poser les bonnes questions.

Le client a-t-il une idée très précise du produit à livrer ? Si oui, il sera facile de rédiger un cahier des charges et des spécifications pour que les équipes de développement puissent travailler en linéaire. Si le client laisse le champ libre aux idées et à l'innovation, la méthode agile sera plus intéressante.

Les utilisateurs sont-ils en capacité d'investir de leur temps dans le développement du projet ? Si oui, la méthode agile semble être le bon choix. Du temps sera alloué aux échanges et aux phases de test de chaque fonctionnalité du produit, au fur et à mesure de son élaboration. Si le client ne dispose pas d'assez de disponibilité pour suivre l'évolution du projet, il faudra alors choisir le cycle en V et partir sur une documentation détaillée dès le début pour mener à bien le projet jusqu'à sa livraison finale.

Est-ce que le client a confiance dans le travail des équipes de développement ? Si ce n'est pas le cas, il préfèrera une gestion de projet en cycle en V. Le niveau de détail de la documentation préalable le rassurera et permettra de poser toutes les caractéristiques souhaitées en amont.

Quel est le délai de lancement du produit ? Si les délais sont assez courts, la méthode agile s'impose. Les itérations permettent de tester rapidement les fonctionnalités du produit et de les rectifier tout aussi rapidement. Le cycle en V implique quant à elle une phase de lancement de projet assez intense, notamment avec la rédaction de la documentation détaillée et un manque de réactivité en cas de demande de changement. Le produit risque même d'être déjà obsolète au moment de sa livraison.

Pour résumé, la méthode du cycle en V conviendrait donc mieux aux projets sans complexité technologique et pour lesquels le client a une vision très précise de son besoin. Plus souple, une méthode agile offre de nombreux avantages en termes d'adaptabilité au changement, de gestion des risques et de visibilité sur le produit final. Elle sera privilégiée sur des projets plus complexes, sans documentation détaillée.

 

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Publication originale le 28 décembre 2020, mise à jour le 19 janvier 2023

Sujet(s):

Gestion de projet