Gaspillage et législation, quelles solutions pour les entreprises ?

Zoom sur la technologie, les outils et les mesures à prendre pour des processus plus durables.

Rédigé par : Julia Cames
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champs de maïs non gaspillé

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En France, chaque année, presque 10 millions de tonnes de nourriture sont gaspillées, ce qui représente 150 kg par an et par habitant. Un gaspillage massif, qui ne concerne malheureusement pas que les produits alimentaires. En effet, la part moyenne des invendus représente 3 % du chiffre d'affaires des entreprises, avec de grandes variations selon les secteurs d'activité.

 

 

La situation fait écho à plusieurs problématiques : une problématique d'ordre éthique, tout d'abord, puisque de nombreuses personnes ne mangent pas à leur faim alors même que des millions de tonnes d'aliments consommables sont disponibles ; mais aussi une problématique d'ordre économique et écologique, avec d'un côté la surproduction et de l'autre la pollution engendrée par le gaspillage. À ce titre, l'impact du gaspillage sur le climat est monumental : selon l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture des Nations Unies (FAO), l'empreinte carbone des pertes et du gaspillage alimentaire serait de 3,3 gigatonnes d'équivalent de CO2.

C'est pour faire face à ces défis vertigineux que la France s'est dotée, ces dernières années, d'un arsenal législatif renforcé. Plusieurs lois coexistent désormais, qui permettent de lutter contre le gaspillage alimentaire et non alimentaire, mais aussi d'œuvrer à un changement de modèle de production.  

Il faut aussi noter l'émergence de nouvelles entreprises qui entendent lutter, à leur manière, contre le gaspillage. Elles proposent souvent une application et reflètent l'importance que le sujet occupe ces dernières années dans la société.

Quelle est la situation du gaspillage en France et dans le monde ? Que dit la loi en la matière ? Quelles sont les informations importantes à connaître sur le sujet ? Enfin, quels outils peuvent être mobilisés pour lutter contre cette problématique d'envergure ?

Voici un panorama complet, bien que non exhaustif, sur le sujet du gaspillage.

 

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Les chiffres du gaspillage en France


Le gaspillage alimentaire

En France, chaque année, 10 millions de tonnes de nourriture sont perdues ou gaspillées tout au long de la chaîne alimentaire. Ces 10 millions de tonnes d'aliments représentent 16 milliards d'euros, soit 50 kg et 240 euros par Français chaque année. Ils représentent aussi 15,3 millions de tonnes d'équivalent de CO2.

Ce gaspillage se produit à différents moments de la chaîne de production. Il s'élève à :

  • 33 % au moment de la consommation, dont 19 % pour la consommation à domicile et 14 % pour la restauration collective et commerciale.
  • 32 % au moment de la production effective.
  • 21 % au moment de la transformation et du conditionnement des aliments dans l'industrie agroalimentaire.
  • 14 % au moment de la distribution dans les supermarchés, épiceries ou magasins de proximité.  

Une partie des aliments est aussi directement jetée par les consommateurs. Pourtant, la plupart de ces denrées pourraient être consommées. En effet, chaque Français jette 7 kg d'aliments non consommés et encore emballés par an. L'autre partie de ces aliments qui sont jetés concerne les restes de repas (à hauteur de 25 %), les fruits et légumes non consommés (dans la même proportion), le pain (14 %) et enfin les boissons (5 %).

 

Au-delà des chiffres, à quoi correspond la réalité du gaspillage alimentaire ?

10 millions de tonnes de nourriture jetées ou perdues chaque année en France, 7 kg d'aliments jetés par les Français chaque année. Ces chiffres représentent de très grandes quantités, mais ils demeurent abstraits. À quoi correspondent-ils concrètement ? Pour se faire une idée plus précise, voici quelques ordres de grandeur :

  • 1 800 litres d'eau sont nécessaires pour produire un kilo de farine : ainsi, chaque baguette de pain jetée à la poubelle correspond à une baignoire entière.
  • 15 000 litres d'eau sont nécessaires pour produire un kilo de viande : un rôti jeté à la poubelle correspond donc à 70 baignoires entières.

Même si cela est facile à oublier, un kilo de farine ou un kilo de viande ont nécessité de nombreuses ressources en amont de leur production. Par exemple, pour produire de la viande, il faut mobiliser des terres agricoles pour nourrir le bétail, et de l'eau pour l'abreuver. Ainsi, selon le WWF, la production de bétail consomme environ 23 % de toute l'eau utilisée en agriculture. Cela équivaut à plus de 1 150 litres par individu et par jour.


Le gaspillage non alimentaire

Qu'en est-il du gaspillage non alimentaire en France ?

Chaque année, plus de 630 millions d'euros de produits sont jetés ou détruits, selon la dernière étude de l'Ademe en partenariat avec l'Agence du don en nature (ADN) qui collecte les invendus non alimentaires pour les redistribuer aux démunis. Ce chiffre est cinq fois supérieur à celui des dons, qui s'élève à 140 millions d'euros.

Les vêtements représentent un tiers du chiffre d'affaires du gaspillage industriel, devant les biens culturels et les équipements pour la maison. Chaque année, selon le ministère de la Transition écologique, entre 10 000 et 20 000 tonnes de produits textiles sont détruites en France : cela équivaut au poids d'une à deux tours Eiffel. La surproduction viendrait du renouvellement trop fréquent des collections, mais aussi du manque de vendeurs et d'acheteurs finaux.

Selon les personnes interrogées pour les besoins de l'étude, ce gaspillage est imputable à la société de consommation, et notamment au comportement des industriels et des supermarchés qui produiraient ou mettraient à disposition un excès de produits. Fait intéressant : les personnes interrogées tendent à penser que le gaspillage ne les concerne pas directement, mais qu'il est plutôt le fait « des autres ». En effet, elles ne considèrent pas l'accumulation des biens ou leur stockage comme du gaspillage. Pour de nombreuses personnes, tant qu'un produit n'est pas jeté, il n'est pas considéré comme étant gaspillé. Même non utilisé, condamné à rester dans un placard, la possibilité demeure qu'il soit utilisé un jour, ou bien revendu. Pourtant, l'accumulation et le stockage d'objets sont aussi une source de gaspillage. Vêtements, livres, électroménager, accessoires, décoration : ces produits ne sont pas remis en circulation alors qu'ils pourraient être utiles à d'autres personnes, compensant ainsi l'énergie et les ressources qui ont été mobilisées pour leur production.

Pour l'ADEME, qui a enquêté auprès de 70 acteurs des 12 principaux secteurs non alimentaires, les principales causes des invendus sont l'obsolescence, avec les changements réguliers de gamme et les fins de série, suivie par la surproduction et le constat de défauts mineurs qui altèrent la qualité et la performance des biens produits.

Où vont les invendus non alimentaires ? Toujours selon l'ADEME, un tiers est détruit ou recyclé : 27 % sont recyclés, 5 % sont incinérés et 2 % sont enfouis. Le stock restant est envoyé en déstockage ou bien donné à des associations : dans le secteur de la mode, par exemple, 20 % des invendus sont donnés.

 

La situation dans le monde

Selon l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), 1,3 milliard de tonnes de nourriture sont perdues ou jetées chaque année, ce qui correspond à 30 % des aliments produits sur la planète. Concrètement, cela représente 45 % de tous les fruits et légumes, 35 % de tous les poissons et produits de la mer, 30 % de toutes les céréales, 20 % de tous les produits laitiers et 20 % de toute la viande et la volaille.

Ces chiffres masquent de fortes disparités. Ainsi, sur les continents asiatiques et africains, les pertes et gaspillages alimentaires représentent entre 6 et 11 kg par individu et par an, tandis qu'en Europe et en Amérique du Nord, ces pertes représentent entre 95 et 115 kg.

Concrètement, cela signifie qu'avec la nourriture jetée chaque année sur le seul continent européen, il serait possible de nourrir 1 milliard de personnes, soit l'intégralité des personnes qui souffrent de malnutrition dans le monde.

Le rapport 2021 sur l'indice du gaspillage alimentaire, publié par le Programme des Nations unies pour l'environnement, mesure ce qui est perdu en bout de chaîne, une fois que les produits sont commercialisés. Après une enquête menée dans 54 pays, le rapport met en évidence que la plus grande partie du gaspillage provient des ménages, qui jettent 11 % de la nourriture. Ainsi, pour 121 kg d'aliments gaspillés chaque année par habitant, 74 kg le sont au niveau du foyer. Ce chiffre est deux fois plus important que les estimations précédentes. Après les ménages, ce sont les établissements de restauration qui gaspillent le plus, avec 5 % de nourriture jetée, ainsi que les points de vente au détail, avec 2 % de la nourriture jetée.

Et, même si le phénomène du gaspillage est bien plus fort dans les pays développés, il concerne tous les pays, quel que soit leur niveau de revenus. 


Le gaspillage alimentaire dans les pays développés

Dans les pays développés, 40 % des denrées alimentaires sont gaspillées au niveau de la distribution ou du consommateur. Parmi les pays champions du gaspillage :  l'Amérique du Nord, la Chine et le continent européen.

Ces pays gaspillent, en fin de chaîne, entre 15 et 25 % de la nourriture produite. L'Amérique du Nord se distingue tout particulièrement, avec un total de 42 % de la nourriture produite qui est gaspillée au niveau de la distribution ou du consommateur, soit presque la moitié.

Selon les conclusions du rapport, plus il est possible d'accéder à des denrées alimentaires en grande qualité, plus les chances de gaspillage sont grandes.


Le gaspillage alimentaire dans les pays en voie de développement

La situation est inversée dans les pays en voie de développement : ainsi, 40 % des aliments sont gaspillés au niveau de la production et du stockage, en raison notamment d'un manque d'infrastructures adaptées. Achetant moins et se montrant plus économes en raison de leurs conditions de vie, les consommateurs de ces pays jettent moins de nourriture. Mais cet avantage est malheureusement annulé par un système productif moins efficace. En fin de compte, les pays en voie de développement représentent 44 % du gaspillage alimentaire mondial.

 

Quels sont les pays qui gaspillent le plus en Europe ?

Pays

Volume total par an

Par habitant

Allemagne

11 millions de tonnes

137 kilos

Royaume-Uni

10,2 millions de tonnes

155 kilos

France

10 millions de tonnes

156 kilos

Pologne

9 millions de tonnes

236 kilos

Belgique

3,8 millions de tonnes

345 kilos

Suisse

2,8 millions de tonnes

310 kilos

(Source : https://blog.lafourche.fr/gaspillage-alimentaire-monde)

 

En 2021, l'Union européenne a importé près de 138 millions de tonnes de produits agricoles, pour un coût total de 150 milliards d'euros. Dans le même temps, elle a gaspillé 153,5 millions de tonnes d'aliments, selon l'organisation environnementale Feedback EU.  

Un cinquième de la production alimentaire de l'Union européenne est gaspillé, des pertes qui représentent 6 % des émissions totales de gaz à effet de serre de l'Union européenne.

 

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La législation anti-gaspillage en France

Ces dernières années, la France s'est dotée d'une législation anti-gaspillage renforcée : pacte national, loi Garot, loi Egalim, loi AGEC.

Depuis 2013, la lutte contre le gaspillage à tous les niveaux de la chaîne est devenue une priorité. L'objectif est clair : réduire le gaspillage de 50 % par rapport à son niveau de 2015 dans les domaines de la distribution alimentaire et de la restauration collective d'ici 2025 et d'ici 2030 dans les domaines de la consommation, de la production, de la transformation et de la restauration commerciale. Mais aussi, faire changer les comportements individuels, tout en faisant évoluer le modèle de production et de consommation actuel.

 

Lutte contre le gaspillage : que dit la loi ?

Il faut en réalité parler de lois au pluriel. En effet, depuis 2013, le droit français s'est doté d'une législation anti-gaspillage complète.

 

1 - Le pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire (2013)

Lancé en juin 2013, ce pacte national réunit l'ensemble des parties prenantes tout au long de la chaîne alimentaire, et pose les jalons de la lutte contre le gaspillage en France. L'objectif affiché est de réduire de moitié le gaspillage alimentaire à l'horizon 2025.

Pour cela, 16 mesures ont été mises en place, comme la promotion du don alimentaire, la mise en œuvre d'actions de prévention et de réduction du gaspillage alimentaire en interne, le développement de dispositifs de récupération, de transformation et de don des invendus sur les marchés alimentaires publics, ou encore la participation à la quantification du gaspillage alimentaire.

 

2 - La loi Garot (2016)

C'est en février 2016 qu'est entrée en vigueur la première loi française relative à la lutte contre le gaspillage alimentaire. Ses principales mesures concernent les distributeurs de produits alimentaires :

  • L'obligation, pour les magasins alimentaires de plus de 400 , de proposer une convention de don à des associations pour que celles-ci reçoivent les invendus alimentaires encore consommables.
  • L'interdiction, pour les distributeurs alimentaires, de rendre impropres à la consommation des invendus encore consommables.

La loi Garot introduit également une hiérarchie des actions à mener en matière de lutte contre le gaspillage alimentaire, à savoir :

  1. Favoriser la prévention du gaspillage.
  2. Utiliser les invendus par le don ou la transformation.
  3. Valoriser les invendus dans l'alimentation animale.
  4. Utiliser les restes alimentaires à des fins de compost ou de valorisation énergétique.

 

3 - La loi Egalim (2018)

Entrée en vigueur en novembre 2018, la loi Egalim a pour but de fournir un meilleur cadre aux relations entre les acteurs de la chaîne de production alimentaire. Trois objectifs sont ainsi définis :

1. Payer justement les producteurs pour leur permettre de vivre dignement de leur travail.

2. Renforcer la qualité sanitaire, environnementale et nutritionnelle des produits.

3. Favoriser une alimentation saine, sûre et durable pour tous.

La possibilité de faire des dons alimentaires est étendue à la restauration collective et à l'industrie agroalimentaire. Autres mesures mises en place : l'encadrement des taux de remise des produits anti-gaspillage au sein de la grande distribution, et l'obligation faite aux restaurateurs de fournir des « doggy bags » aux clients qui en font la demande.

La loi Egalim a été complétée en 2021 par la loi Egalim 2, pour renforcer la protection des agriculteurs et modifier les obligations relatives aux dates de durabilité minimale, comme détaillé plus bas.

 

4 - La loi AGEC (2020)

C'est sans doute la loi la plus ambitieuse de tout l'arsenal juridique anti-gaspillage. Entrée en vigueur en février 2020, la loi AGEC (acronyme pour Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire) pose un objectif principal de réduction des déchets.

Pour cela, cinq axes ont été mis en place :

  1. La sortie du plastique jetable, avec une fin de mise sur le marché des emballages en plastique à usage unique d'ici 2040.
  2. L'information renforcée des consommateurs.
  3. La lutte contre le gaspillage et pour le réemploi solidaire.
  4. La lutte contre l'obsolescence programmée.
  5. La mise en place d'une production plus vertueuse, de meilleure qualité.

La loi AGEC met notamment fin à l'élimination des invendus non alimentaires :  produits électriques et électroniques, vêtements et chaussures, meubles, livres, produits d'hygiène et de puériculture devront être donnés à des associations ou à des structures de l'économie sociale et solidaire. À défaut de don, le recyclage est encouragé.

Les sanctions envers ceux qui détruisent ou détériorent les invendus alimentaires sont renforcées : l'amende sera modulable en fonction de la taille du commerce et peut aller jusqu’à 15 000 € par manquement pour une personne morale.

Par ailleurs, les initiatives vertueuses sont valorisées grâce à la création d'un label national Anti-Gaspillage Alimentaire. Ce label peut être accordé à toute personne morale qui contribue aux objectifs nationaux de réduction du gaspillage alimentaire. Il est délivré par des organismes certificateurs sélectionnés et agréés par l'État.

Enfin, de nombreuses autres mesures ont été mises en place : étendue de la responsabilité des industriels dans la gestion de leurs déchets, interdiction de l'impression systématique du ticket de caisse (entrée en vigueur en 2023), mise en place d'une collecte gratuite des déchets triés du bâtiment, déploiement d'un indice de réparabilité sur plusieurs catégories de produits, etc. Le détail de ces mesures peut être retrouvé ici.

 

Les impacts concrets de ces lois sur les distributeurs

Si l'arsenal juridique contre le gaspillage a des conséquences pour le consommateur, il vise en premier lieu les industriels et les distributeurs, qui sont largement mis à contribution. Cela a des conséquences concrètes : ainsi, depuis la loi Garot, les magasins doivent respecter des règles spécifiques au quotidien. Par exemple, les surfaces commerciales de plus de 400 m² ont l'obligation de nouer un partenariat avec une association d'aide alimentaire pour lui faire don de ses invendus alimentaires, au lieu de les jeter ou de les détruire. Les distributeurs alimentaires ont également l'interdiction de rendre impropres à la consommation des invendus encore consommables.

La loi AGEC pose également l'interdiction d'éliminer les produits non alimentaires, comme les produits d'hygiène quotidienne, les vêtements et les chaussures, les objets électroniques, l'électroménager ou les livres : ces derniers doivent faire l'objet d'un don en priorité. Tous les types d'acteurs sont visés, à savoir les producteurs, les distributeurs et les plateformes en ligne lorsqu'elles détiennent des stocks.

Il ressort donc que les distributeurs doivent mettre en place les deux mesures principales suivantes.


1 - La remise de produits en date courte

S'ils n'en ont pas l'obligation, les distributeurs ont la possibilité de vendre les denrées alimentaires dont la date de péremption est bientôt dépassée, à un tarif réduit, comme détaillé plus bas.

Pour limiter les pertes, ils peuvent également faire don de ces denrées alimentaires à des associations.

 

2 - Le don des invendus alimentaires et non alimentaires

Depuis la loi Garot de 2016, les magasins de plus de 400 m² de surface commerciale ont l'obligation de donner tout ou partie de leurs invendus à au moins une association caritative. De manière générale, les distributeurs alimentaires ont l'interdiction de javelliser leurs invendus alimentaires, ou d'utiliser tout autre produit pour les rendre impropres à la consommation.

Le point de vente doit nommer un responsable du don en interne, et garantir la traçabilité et la qualité des produits donnés. Ensuite, une convention de partenariat avec une ou plusieurs associations d'aide alimentaire habilitées à recevoir des dons doit être mise en place pour le don des denrées consommables non vendues. Un modèle est disponible sur le site agriculture.gouv.fr.

 

Pour aider les commerçants à mettre en place une démarche de don au sein de leur point de vente, l'entreprise Smartway, qui lutte depuis 2012 contre le gaspillage alimentaire, a créé un kit de don gratuit.
Il rassemble des fiches récapitulatives pour les équipes en magasin, ainsi que les documents obligatoires à fournir en cas de contrôle.

 

Enfin, depuis février 2020, la loi AGEC interdit la destruction des invendus non alimentaires. Tous les produits sont concernés par cette interdiction, à l'exception des produits périssables ou dangereux pour l'environnement et la santé humaine.

Les vêtements, les chaussures, l'électroménager, les produits d'hygiène, de beauté et de puériculture, les livres et les meubles ne peuvent désormais plus être détruits. Les entreprises doivent, sauf exception, en faire don ou les recycler.

 

Des dons qui ouvrent droit à une réduction d'impôt

En donnant leurs invendus, les entreprises, qu'elles soient assujetties à l'impôt sur le revenu ou à l'impôt sur les sociétés, bénéficient d'une réduction d'impôt.

Cette réduction d'impôt, qui concerne tous les dons en nature, s'élève à :

  • 60 % de la valeur des produits donnés, pour un montant total de dons inférieur à deux millions d'euros, dans la limite de 20 000 € ou de 5 ‰ (5 pour mille) du chiffre d'affaires, si ce dernier montant est plus favorable.
  • 40 % de la valeur des produits donnés, pour la fraction de don supérieure à deux millions d'euros, dans la limite de 20 000 € ou de 5 ‰ (5 pour mille) du chiffre d'affaires, si ce dernier montant est plus favorable.
 

3 - Dates de péremption : vendre ou détruire les produits périmés

Pour garantir la qualité et la fraîcheur optimales de leurs marchandises, les fabricants ont l'obligation d'indiquer une date de péremption sur chaque produit, c'est-à-dire une date à partir de laquelle le produit devient impropre à la consommation, ou la fraîcheur du produit n'est plus assurée.

Il existe, à cet égard, 2 catégories de date limite pour les produits alimentaires. La première est la date limite de consommation (DLC), la seconde est la date de durabilité minimale (DDM), qui remplace la date limite d'utilisation optimale (DLUO). Seul le dépassement de la DLC comporte des risques pour la santé.

Selon l'entreprise de lutte contre le gaspillage alimentaire Too Good To Go, près d'un Français sur deux ne connaît pas la différence entre ces dates limites. Une confusion qui a un prix, puisqu'elle serait responsable de 33 % du gaspillage alimentaire dans les foyers français, selon la Commission européenne.

Et pour les distributeurs, quel est l'impact de ces dates de péremption ?

 

Des DLC à respecter : en cas de dépassement, le produit doit être détruit

La date limite de consommation (DLC) se traduit sur les emballages par la phrase « à consommer jusqu'au. ». Elle est obligatoirement indiquée par le fabricant.

Dès que la DLC est dépassée, le produit peut présenter un danger pour la santé humaine et causer, par exemple, des intoxications alimentaires.

Le commerçant encourt donc jusqu'à 4 ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende s'il continue sciemment à vendre des produits dont la DLC est dépassée. Dans le cas d'une simple négligence, il encourt une amende de 1 500 € par produit alimentaire périmé en vente. 

Il est possible de vendre des denrées à moitié prix, de 48 à 24 heures avant l'expiration de la DLC. Dès le dépassement de la date, ils doivent être retirés de la vente, puis jetés.

 

Les DDM : des dates indicatives, qui ne présentent pas de caractère impératif

La date de durabilité minimale (DDM, ex-DLUO) est une date indicative, qui se présente sous la forme suivante : « À consommer de préférence avant le. ».

Contrairement à la DLC, la DDM n'a pas de caractère impératif. Cela signifie que, même lorsqu'elle est dépassée, le produit peut continuer à être consommé. Cependant, ses qualités gustatives (moelleux, croustillant, intensité de la couleur, intensité de l'arôme.) ne sont plus garanties par le fabricant.

Lorsque la date est inscrite sur les emballages et précédée de la mention « À consommer de préférence avant le », suivie du jour et du mois, la durabilité du produit est de 3 mois après la date.

Lorsque la date est inscrite sur les emballages et précédée de la mention « À consommer de préférence avant fin », suivie du mois et de l'année, la durabilité du produit varie entre 3 et 18 mois après la date.  

Enfin, lorsque seule l'année est indiquée (exemple : À consommer de préférence avant fin 2024), la durabilité du produit est supérieure à 18 mois.

 

À savoir

Certains produits sont exemptés de DLC ou de DDM. Ce sont les denrées vendues non emballées comme les fruits et légumes frais, les vins, les vinaigres, les sels de cuisine, les sucres solides, les chewing-gums, et les produits de boulangerie et de pâtisserie normalement consommés dans les vingt-quatre heures après leur production.

Du côté des distributeurs, il est possible d'appliquer une remise anti-gaspillage à un produit dont la DDM est proche. Cette remise doit indiquer :

  • La dénomination de l'article.
  • L'ancien prix de vente.
  • Le nouveau prix de vente.
  • Le taux de remise appliqué.
  • Le nouveau prix au kilo ou au litre.

Mais attention, ces remises ne sont pas des promotions classiques. À ce titre, elles ne peuvent pas faire l'objet d'une publicité ou d'une annonce en dehors du point de vente. Depuis le 1er janvier 2022, le taux de remise des produits à DDM courte (à partir de J-30) est libre. Une fois la DDM dépassée, le distributeur peut continuer à vendre le produit à taux réduit. Une zone dédiée aux produits dont la date de péremption approche, ou a déjà été dépassée, dans le cas de la DDM,  peut être installée par le commerçant, à condition d'indiquer de manière explicite que ces produits sont remisés en raison de la proximité de leur date de péremption.

 

Les outils pour lutter contre le gaspillage alimentaire et non alimentaire


La technologie se met au service de la lutte contre le gaspillage : des applications à destination des entreprises et des particuliers

Depuis plusieurs années, de nouveaux acteurs ont émergé sur le marché de la lutte contre le gaspillage. Des années de sensibilisation ont fini par faire leur effet : la problématique du gaspillage est désormais connue, que ce soit des consommateurs ou des entreprises, et elle apparaît encore plus insupportable en ces temps où le réchauffement climatique, la surconsommation et la nécessité d'évoluer vers une forme de sobriété sont largement discutés.

Parmi les plus connus, les applications Phenix et Too Good to Go permettent aux utilisateurs d'acheter à bas prix les invendus alimentaires des commerçants. Dans le premier cas, les utilisateurs connaissent à l'avance le contenu de leur panier ; dans le second, ils acceptent de se laisser surprendre. Et ça marche : l'application Too Good to Go revendique aujourd'hui plus de 10 millions d'utilisateurs en France, contre 3 millions pour Phenix.

Autre réussite éclatante : l'enseigne NOUS anti-gaspi, qui lutte depuis 2018 contre le gaspillage alimentaire en vendant dans ses rayons des aliments abîmés ou ne correspondant pas aux normes de calibrage. À la clé : une réduction pouvant aller jusqu'à 50 %. NOUS anti-gaspi compte aujourd'hui plus de 25 magasins partout en France.

Plusieurs applications ont également été lancées pour encourager le don ou la vente de biens entre particuliers. Par exemple, Geev propose un service de dons d'objets et de denrées alimentaires entre particuliers. De même, HopHopFood propose un système de dons alimentaires et met en place un réseau de garde-mangers solidaires, au travers duquel les particuliers peuvent donner et collecter des produits de première nécessité (hygiène, entretien, etc.). En outre, un dispositif appelé « commerces solidaires » a été récemment lancé, qui permet aux commerçants de faire don de leurs invendus directement auprès de personnes en situation de précarité.

Vient aussi à l'esprit le succès d'entreprises de l'économie circulaire comme Vinted, Leboncoin, Label Emmaüs ou encore Back Market, grâce auxquelles il est possible d'acquérir des produits d'occasion à des tarifs avantageux, notamment des vêtements, des livres, des accessoires, des meubles, de l’électronique ou de l’électroménager.

Le marché de l'occasion est aujourd'hui estimé à 7 milliards d'euros en France et à 86 milliards en Europe. Dans les faits, 7 personnes sur 10 achètent ou ont déjà acheté des vêtements de seconde main, tandis qu'une personne sur 5 a déjà revendu son téléphone. Des chiffres qui devraient encore progresser dans les années à venir.

Enfin, les marques sont de plus en plus nombreuses à se lancer sur le créneau de la réparabilité, c'est-à-dire la possibilité, pour les consommateurs, de réparer ou de faire réparer leurs produits, et qui s'oppose à l'obsolescence programmée. Jusqu'à en faire un véritable atout commercial, à l'image du groupe Fnac Darty ou de l'enseigne SEB, qui a lancé en 2015 son propre label « Produit réparable 10 ans ».

 

La digitalisation des processus pour éviter le gaspillage des matières premières

Du côté des industriels, c'est le big data qui est mis à contribution pour optimiser le cycle de production et éviter les déchets inutiles. Avec l'eau et l'énergie, c'est l'une des grandes priorités du secteur.

En effet, le numérique est une ressource de première importance lorsqu'il est mis au service de l'économie circulaire. Grâce au big data, les industriels peuvent avoir un accès à des informations plus précises, identifier les défaillances et mettre en place des points d'amélioration. L'extraction des données et leur analyse en temps réel permettent également de réduire la pollution et le gaspillage, grâce notamment à une meilleure information des données relatives aux stocks ou aux flux logistiques.

Par exemple, le groupe SUEZ a lancé en 2017 la place de marché digitale Organix, qui met en relation producteurs de déchets verts et exploitants de méthaniseurs. Les déchets produits peuvent ainsi être revalorisés en tant que sources d'énergie. Dans le même secteur, la start-up HESUS a mis en place une plateforme digitale de revalorisation des déchets du BTP (terres, gravats), un secteur particulièrement concerné par le gaspillage des matières premières.

 

Les chiffres du gaspillage alimentaire et non alimentaire sont massifs. Ils témoignent d'une inadaptation du système de production, mais aussi d'un problème global de surconsommation et de manque d'information du consommateur.

Fort heureusement, la sensibilisation à grande échelle et l'entrée en vigueur de lois ambitieuses contre le gaspillage commencent à porter leurs fruits. Depuis 2013 et la mise en place du pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire, la France se montre en effet pionnière sur cette question. Il revient désormais à l'ensemble des acteurs d'agir, quelle que soit la place de chacun sur la chaîne de production. Industriels, commerçants, consommateurs : tous portent désormais une nouvelle responsabilité, qu'il s'agisse de mieux valoriser ses déchets, de donner ses invendus, de lutter contre la destruction des produits encore consommables, ou encore d'encourager l'économie circulaire. Il reste ainsi à observer les effets concrets de cette politique ambitieuse, et à en tirer les leçons nécessaires.

 

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