Le crowdsourcing, littéralement « approvisionnement par la foule », consiste à mobiliser une multitude d'individus volontaires pour l'accomplissement d'une mission. Le processus, qui s'avère être en réalité une forme d'externalisation, s'apparente à un concours dont le résultat profite directement à l'entreprise. L'entreprise diffuse un appel à projet ouvert au public, composé ou non de professionnels ; chaque participant soumet une production ; l'entreprise sélectionne elle-même le gagnant ou le fait élire par le public ; le gagnant est récompensé ou rémunéré, en contrepartie de quoi l'entreprise exploite sa production dans des conditions contractualisées préalablement.
Qu'est-ce que le crowdsourcing ?
Le crowdsourcing consiste pour l'entreprise à faire publiquement appel à un large panel d'individus, volontaires et motivés par le projet, pour fournir une prestation. L'entreprise s'offre alors la possibilité de choisir parmi une multitude de livrables, et de payer uniquement la réalisation qui satisfait ses attentes.
Le crowdsourcing est intéressant en stratégie d'entreprise car ce modèle est intéressant sur les plans juridique et économique. L'entreprise ne crée un lien contractuel avec son prestataire qu'au terme de sa sélection sur la base d'un résultat concret. Le risque ainsi est réduit car l'entreprise ne s'engage et ne paye que si le résultat la satisfait. Cette forme d'externalisation en outre présente l'avantage de multiplier les opportunités : la plateforme de crowdsourcing permet d'utiliser l'intelligence, la créativité et le savoir-faire du plus grand nombre d'individus pour créer de la valeur. Sur ces aspects, risque et opportunité, le crowdsourcing se différencie de l'outsourcing traditionnel.
À quoi sert le crowdsourcing ?
Le crowdsourcing est envisagé par l'entreprise dans 2 contextes distincts :
- L'entreprise décide d'externaliser un besoin ponctuel, et privilégie le crowdsourcing pour réduire les coûts et multiplier les propositions. Exemple : l'agence d'évènementiel utilise une plateforme de crowdsourcing pour créer l'affiche de son évènement ; elle obtient de nombreuses propositions et choisit la meilleure, dont elle rémunère l'auteur. Le choix est plus large puisque des participants du monde entier peuvent contribuer, et le prix est inférieur aux tarifs d'une agence de graphisme ; en l'absence de lien contractuel en revanche, l'entreprise n'a aucun pouvoir de direction sur l'auteur de la création. Le crowdsourcing dans ce contexte est notamment utilisé dans le domaine du marketing, pour des tâches créatives : proposer le nom d'une marque, dessiner un logo, suggérer des idées pour un nouveau produit, écrire un slogan ou encore concevoir un prospectus.
- L'entreprise se sert du crowdsourcing dans le cadre d'une campagne marketing. Elle communique sur l'opération auprès de son audience, pour augmenter son engagement et interagir de manière ludique. Exemple : Coca-Cola a organisé en 2009 un concours vidéo via une plateforme de crowdsourcing, invitant les participants à réaliser sa prochaine publicité télévisée ; la marque a reçu des milliers de vidéos en provenance de créatifs, professionnels et non professionnels, du monde entier. La meilleure publicité a été diffusée à Singapour et s'est hissée dans le top 10 des publicités préférées dans le pays. Dans ce contexte, le crowdsourcing permet d'inclure le consommateur, et le grand public est réceptif à cette forme de collaboration : une étude révèle en 2018 que les ventes augmentent de 20 % sur les produits conçus à partir d'une idée d'un consommateur.
À noter que ce type de crowdsourcing constitue du crowdsourcing d’activités inventives. D'autres formes existent : le crowdsourcing de contenu, par exemple, ne vise pas la résolution d'un problème mais l'alimentation en contenu. Wikipédia et Google sont des illustrations du crowdsourcing de contenu, puisque l'intégralité des pages est rédigée par des internautes. Mais les contributeurs ne sont pas rémunérés par l'éditeur des sites.
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5 plateformes de crowdsourcing
Le terme est un néologisme, inventé en 2006 par les rédacteurs Jeff Howe et Mark Robinson dans leur article intitulé « The Rise of Crowdsourcing ». C'est en effet à cette époque que la pratique se répand, conséquemment au développement de plateformes dédiées au crowdsourcing. Le nombre de plateformes a augmenté proportionnellement au succès de la pratique, et chacune présente des spécificités propres.
eYeka
La plateforme de crowdsourcing eYeka est développée par la société belge InSites Consulting pour élargir son offre de services marketing. La plateforme met en relation les marques avec des créatifs : concepteurs graphiques, réalisateurs vidéo, illustrateurs et concepteurs de packaging. Le fonctionnement est simple :
- L'entreprise prend contact avec la société InSites Consulting pour élaborer et publier son brief projet.
- Des créateurs participent sur la base du volontariat : l'entreprise reçoit 30 à 100 créations en quelques jours, de la part de participants de 20 à 40 pays différents.
- Après environ 6 semaines de concours, l'entreprise choisit le ou les gagnants et les rémunère.
eYeka se targue d'un réseau de plus de 400 000 créatifs en provenance de plus de 160 pays. De grandes entreprises, telles que Ferrero Rocher ou Philips, utilisent cette plateforme de crowdsourcing. Récemment, la marque Pampers a attribué des prix pour un montant total de 5 000 € aux 3 gagnants d'un concours de graphisme et d'écriture créative lancé sur eYeka.
Innocentive
La plateforme de crowdsourcing Innocentive permet à l'entreprise de lancer des défis ouverts à une communauté d'experts, pour résoudre une problématique. Les participants sont appelés des « solvers » : ils mettent en œuvre leurs compétences en innovation pour remporter des challenges. Exemple : MasterCard a lancé à la communauté de solvers un challenge pour développer une offre de services financiers à destination des particuliers aux revenus modestes. Le projet a abouti en 12 mois, impliquant près de 500 participants et offrant à l'entreprise 126 propositions de solutions. Innocentive en chiffres :
- Plus de 500 000 experts en résolution de problèmes.
- 80 % de projets aboutis en 2 à 6 mois.
- Déjà $60 millions de récompenses attribuées via la plateforme.
Nasa, AstraZeneca ou encore Thomson Reuters utilisent cette plateforme de crowdsourcing pour leurs projets innovants.
Crowdspring
Crowdspring est une plateforme d'externalisation de services créatifs, qui met en relation l'entreprise avec des experts du monde entier. Création de logo et d'identité de marque, design produit et packaging ou encore conception de site web et d'application : l'entreprise choisit de soumettre le brief de son projet dans une trentaine de catégories au choix. Les avantages de Crowdspring :
- Si aucune proposition ne satisfait l'entreprise, la plateforme de crowdsourcing rembourse intégralement sa mise.
- La plateforme permet de contractualiser les conditions d'exploitation de la création, de manière à sécuriser les droits de propriété intellectuelle de l'entreprise.
- Crowdspring permet d'accéder à un réseau de plus de 60 000 freelances et agences du monde entier.
De grands groupes comme Starbucks, AliExpress ou Amazon utilisent cette plateforme de crowdsourcing. En termes de tarifs, Crowdspring propose plusieurs packs en fonction de l'étendue des services ajoutés. Exemple : pour la création d'un slogan, l'entreprise mise de $299 à $899.
Cad Crowd
Cad Crowd propose dans son offre de services une plateforme de crowdsourcing pour le design de dessins et modèles dans le domaine de l'industrie, et pour les projets d'architecture d'intérieur. Le fonctionnement est simple : l'entreprise publie son brief, reçoit les idées et sélectionne le gagnant du concours. Le designer sélectionné est rémunéré de $300 à $50 000 en fonction de l'envergure de la mission.
99designs
En 2020, la société française Vista achète 99designs. La plateforme de crowdsourcing, créée en 2008, permet de créer un concours de design pour la création de logos, de slogans, d'icônes d'applications, d'habillage de camion ou encore d'illustrations de livres. Compter à partir de 269 € pour la création d'un logo, 549 € pour le design d'une page web ou 69 € pour la page marque sur un réseau social. L'entreprise rémunère le gagnant du concours, qui lui transmet la création sous tous formats d'exploitation requis.
