Le bitcoin a commencé à faire parler de lui au début des années 2010. Son nom est évoqué lors de discussions portant sur les progrès de la technologie et les difficultés que ceux-ci entraînent en matière d'élaboration de politiques opportunes. Le bitcoin est alors la monnaie de référence sur Silk Road, le site de trafic de drogues aujourd'hui disparu. Il y a un peu plus de cinq ans seulement, son utilisation se limite surtout au dark web, pour les achats de produits illicites sur le marché noir. Cette réputation lui vaut d'être délaissée par le grand public jusqu'à ce que le bitcoin fasse la fortune de certains investisseurs.
Le prix du bitcoin en juin 2013 s'élevait à près de 100 dollars. En août 2018, il est de 8 000 dollars, après avoir frôlé les 20 000 dollars fin 2017.
Nombreux sont ceux qui ont une anecdote concernant les bitcoins. Certains en ont acheté dès leur création, puis les ont revendus quelques années plus tard, lorsque la monnaie a commencé à rencontrer un succès marginal. D'autres les ont découverts récemment, mais ont jugé qu'il était trop tard pour investir. D'autres encore suivent probablement avec perplexité toutes ces histoires de cryptomonnaies et de minage numérique.
Cela étant, la plus grande opportunité pour les entreprises en tout genre réside non pas dans le bitcoin mais dans la technologie sur laquelle ce dernier repose, à savoir les blockchains. Ce registre public de toutes les
milliards de dollars d'ici à 2024.
des banques testent actuellement cette technologie
million de dollars investis dans des projets de blockchain en 2017
À première vue, il peut paraître excessif de qualifier la blockchain de technologie révolutionnaire. Toujours est-il que ses applications s'étendent bien au-delà du bitcoin. De quoi s'agit-il exactement ?
En termes simples, la blockchain est un système qui utilise un registre ouvert et distribué pour effectuer le suivi de transactions. Ces dernières peuvent prendre de nombreuses formes : cryptomonnaies, informations médicales, registres de vote ou de domiciliation, etc.
Ces transactions sont regroupées dans des blocs, qui sont individuellement validés par le biais d'un problème mathématique résolu par d'autres utilisateurs dans le système. Une fois validé, un bloc ne peut plus être modifié. Il est ajouté à une chaîne d'autres blocs permanents qui ont fait l'objet d'une validation préalable. Les enregistrements contenus dans ces blocs forment une blockchain, qui est suivie par l'ensemble de ses utilisateurs. Autrement dit, il s'agit d'un immense registre partagé, qui, dans la pratique, offre une multitude d'opportunités.
Supposez que vous avez effectué un achat que vous finissez par regretter. Vous avez la possibilité de vendre l'objet en question par le biais d'un tiers tel qu'eBay. Cette plateforme fonctionne comme un marché : elle vous met en relation avec des acheteurs potentiels moyennant des frais, qui constituent sa source de revenus. Imaginez maintenant que l'acheteur se trouve en Allemagne. Lorsque vous réalisez une vente sur eBay, la plateforme valide la transaction auprès de votre banque et de celle du client. Elle confirme également que l'objet en vente et l'acheteur existent. Or, si vous utilisez la technologie de la blockchain pour effectuer votre vente, vous supprimez les intermédiaires sans compromettre la fiabilité, la rapidité et la sécurité de la transaction. En contournant eBay, vous évitez banques, frais et taux de change.
Avant d'expliquer en détail le fonctionnement de la blockchain, il convient d'abord de revenir sur son histoire. En octobre 2008, le mystérieux créateur du bitcoin, Satoshi Nakamoto, invente les paiements électroniques pair-à-pair. Sa cryptomonnaie constitue la première blockchain au monde. Le logiciel du bitcoin étant open source, chacun peut consulter son code, le réutiliser et l'adapter. Les utilisateurs ne tardent donc pas à le modifier à des fins diverses.
Dans les premiers temps, leur attention se porte surtout sur l'élaboration de versions améliorées du bitcoin. Litecoin, une cryptomonnaie développée par un ancien salarié de Google, voit le jour. Elle aspire à proposer des transactions plus rapides. D'autres monnaies comme Dogecoin, inspirée d'un mème, sont créées pour ceux qui trouvent le prix du bitcoin prohibitif.
Namecoin.org a développé l'une des premières applications de la blockchain pour un usage autre que celui de cryptomonnaie. En effet, cette technologie utilise la blockchain pour enregistrer des noms de domaine .bit en alternative au DNS standard. Il devient ainsi extrêmement difficile pour des parties externes, comme le gouvernement, de prendre le contrôle de sites web. Étant donné que les domaines .bit sont enregistrés dans une blockchain, il est quasiment impossible de les modifier sans disposer de la clé de chiffrement.
En 2013, une petite start-up du nom d'Ethereum introduit une autre grande innovation en publiant un article qui décrit un moyen de facilement créer des blockchains sans s'appuyer sur le code d'origine du bitcoin. Deux ans plus tard, Ethereum lance sa nouvelle plateforme, permettant ainsi aux utilisateurs de diversifier l'utilisation de la blockchain, au-delà des cryptomonnaies.
Actuellement, les entreprises et particuliers recherchent de nouvelles applications dans les domaines de la santé, de l'énergie, de la gestion des chaînes d'approvisionnement ainsi que dans bien d'autres secteurs. Ces applications sont détaillées plus bas dans cet article.
Bien qu'il existe différentes façons de créer une blockchain, Harvard Business Review a identifié cinq caractéristiques communes à toutes les blockchains. Premièrement, elles utilisent toutes une base de données distribuée. Autrement dit, chaque utilisateur d'une blockchain peut accéder à l'ensemble de la base de données, y compris l'historique des transactions. Cette transparence permet de vérifier n'importe quelle information et de réaliser des transactions en direct, sans aucun intermédiaire.
Deuxièmement, toutes les transactions ou communications s'effectuent entre pairs. Chaque utilisateur stocke des enregistrements et envoie des informations directement à l'ensemble des autres parties au sein d'une blockchain. Cette technologie rend inutiles les intermédiaires et les organes de stockage centraux tels que les banques. Les utilisateurs disposent de toutes les informations dont ils ont besoin pour approuver d'autres utilisateurs, aussi appelés « nœuds ».
Troisièmement, si les blockchains sont transparentes, les utilisateurs qui leur sont associés, eux, peuvent rester anonymes. Pour protéger leur identité, ils disposent chacun d'une adresse alphanumérique composée de plus de 30 caractères, qui leur sert de nom. Les utilisateurs peuvent choisir de partager leur identité ou de préserver leur anonymat grâce à leur adresse.
Ces adresses sont également utilisées pour valider les transactions. On parle souvent de « minage », un terme fréquemment associé aux bitcoins et qui désigne le processus suivant. Lorsqu'une personne souhaite effectuer une transaction, et par la même occasion ajouter un nouvel enregistrement ou « bloc » au registre, elle doit d'abord résoudre un problème mathématique. La puissance de calcul informatique est alors utilisée pour « miner » la réponse, qui est vérifiée par le réseau d'utilisateurs. Si la réponse est correcte, le nouveau bloc est ajouté au registre. Un jeton, aussi appelé pièce, est généré tel un reçu attestant l'opération.
Quatrièmement, dans la mesure où la blockchain s'appuie sur un registre numérique, l'ensemble du processus transactionnel peut être automatisé à l'aide d'algorithmes. Par exemple, l'achat d'une maison s'accompagne généralement d'une multitude de petites dépenses liées à l'inscription au cadastre, au crédit immobilier, aux inspections ou aux frais de notaire, entre autres. Les nombreuses parties impliquées dans la vente régulent et administrent cette dernière, et la font progresser d'une personne à l'autre. Or, cette complexité est en grande partie réduite par la blockchain. En effet, il est possible d'enregistrer les données relatives aux biens immobiliers et même de définir des règles numériques, appelées contrats intelligents. Une fois satisfaites, celles-ci permettent au système de transférer automatiquement un titre de propriété ou de l'argent
La cinquième caractéristique d'une blockchain est la suivante : une fois qu'un enregistrement a été créé, il ne peut être modifié. Ainsi, lorsque des mineurs valident une transaction, l'enregistrement correspondant est partagé avec l'ensemble des parties dans la blockchain, et vient s'ajouter au registre décentralisé. Une partie de chaque transaction validée est également utilisée pour générer le problème mathématique destiné au bloc suivant dans la chaîne. Cela signifie que chaque transaction est reliée à celles qui la précèdent, et que toutes ces transactions sont stockées sur de multiples ordinateurs, sans point de défaillance unique.
Par ailleurs, les blockchains peuvent être publiques ou privées. Ces deux types de réseau partagent les cinq caractéristiques listées ci-dessus, avec une différence majeure. Une blockchain publique est ouverte à tous. Chacun peut s'y joindre et effectuer et valider des transactions, et tous les utilisateurs tiennent à jour une copie du registre décentralisé. À titre d'exemple, la blockchain du bitcoin est l'un des plus grands réseaux publics actuels. Dans une blockchain privée, la participation est limitée aux utilisateurs qui ont reçu une invitation à rejoindre le réseau et qui ont été autorisés à y entrer. Le système pourrait être comparé aux premières versions de Facebook, lorsque les utilisateurs devaient disposer d'adresses e-mail de certaines écoles. Outre leur sécurité renforcée, les chaînes privées offrent un meilleur rapport coût-efficacité puisque la validation des transactions dans un réseau de petite taille nécessite bien moins de ressources informatiques.
Pour récapituler, voici quelques points clés concernant le fonctionnement de la blockchain :
La blockchain procure un avantage clé : celui d'un réseau extrêmement sûr. Les données transmises par son intermédiaire étant chiffrées, elle offre un niveau de sécurité bien plus élevé que celui d'un système standard, basé sur des noms d'utilisateur et des mots de passe. Cependant, son véritable atout provient de son réseau d'utilisateurs.
Les données décentralisées stockées via la blockchain rendent extrêmement difficiles les piratages informatiques, car il n'existe aucun point de défaillance unique. Que cela signifie-t-il concrètement ? Imaginez que tous vos documents sont sauvegardés sur un seul et même disque dur. Si ce dernier est perdu, volé ou détruit, vos données disparaissent définitivement. Or, si vos documents sont enregistrés sur des milliers de disques durs différents, il est peu probable que vous perdiez vos données. C'est ce qui fait la force de la blockchain.
Dans des circonstances normales, il faudrait, pour pirater une blockchain, venir à bout de plus de 50 % du réseau en moins de temps qu'il ne faut pour créer un bloc. La puissance de calcul requise pour y parvenir dans la plupart des réseaux de blockchains est immense. En effet, il est beaucoup plus difficile de pirater les réseaux de grande taille, car ils sont plus décentralisés et comptent un plus grand nombre d'ordinateurs validant les transactions.
De plus, les manipulations frauduleuses de blocs
La blockchain garantit également l'anonymat. Les systèmes qui n'en sont pas dotés s'appuient sur diverses informations, telles que des noms, adresses, numéros de carte et numéros de sécurité sociale, pour valider les transactions. Or, toutes ces données personnelles sont vulnérables face aux vols. Dans une blockchain, seule la clé privée compte.
Les utilisateurs disposent chacun de deux clés : une publique et une privée. La clé publique est générée à partir de la clé privée à l'aide d'une formule mathématique, puis elle est associée à d'autres informations pour former l'adresse publique destinée aux transactions. Sans clé privée, il est impossible de valider des transactions pour l'adresse publique. Cette clé n'est jamais partagée avec des tiers. Autrement dit, de multiples formules complexes se dressent entre la clé privée d'un utilisateur et son adresse publique.
S'il est techniquement possible d'inverser la formule pour déduire une clé privée à partir d'une clé publique, il faudrait toutefois 40 000 000 000 000 000 000 000 000 000 000 d'années au plus puissant des ordinateurs au monde pour effectuer ce calcul. Le risque est donc pour ainsi dire nul.
Le deuxième avantage des blockchains provient de la décentralisation et des contrats intelligents, ces derniers constituant à l'heure actuelle l'application la plus porteuse de cette technologie. Matthew Howells-Barby, directeur marketing chez HubSpot et expert en blockchain, explique :
« Pour les PME, le changement le plus immédiat interviendra au travers des contrats intelligents. Ceux-ci facilitent la création de contrats numériques fiables et aux applications diverses, chose jusqu'alors impossible sans l'intervention d'un tiers. Imaginez pouvoir établir des contrats numériques avec des prestataires, qui seraient automatiquement payés une fois le travail accompli de manière satisfaisante. C'est là l'une des nombreuses applications des contrats intelligents. »
En substance, ces contrats utilisent les blockchains pour automatiser les paiements et les transferts en fonction d'une série de conditions prédéfinies. Par exemple, on pourrait imaginer régler une facture d'électricité dès que la consommation aurait atteint un certain seuil. La transaction serait envoyée de manière sécurisée au fournisseur d'électricité et validée à l'aide de la blockchain. Fini les retards de paiement et les vols de données financières. Plus personne n'aurait à planifier un versement.
Là encore, plus les transactions seront automatisées par le biais des contrats intelligents, moins l'intervention d'intermédiaires et d'organisations tierces sera nécessaire. Dans la mesure où les informations sont partagées avec l'ensemble du réseau, il devient extrêmement difficile pour un groupe d'en prendre le contrôle.Les gouvernements et individus occupant des postes de pouvoir ne pourront plus fermer les sources qu'ils souhaitent réprimer, car les données seront hébergées sur de nombreux ordinateurs au sein du réseau.
Troisièmement, les blockchains allient rapidité et efficacité, tandis que la saisie manuelle des données est fastidieuse et sujette à erreur. Prenez, en guise d'exemple, le nombre de fautes de frappe qui se glissent généralement dans les e-mails. La plupart des organisations ont recours à plusieurs systèmes d'enregistrement qui varient selon les tâches à effectuer. Par exemple, un magasin de glace peut utiliser un registre pour effectuer le suivi de la quantité de glace et de fournitures achetées, un autre pour le nombre d'heures de travail de ses salariés et un autre encore pour le suivi des ventes. Contrôler des registres distincts demande un temps considérable.Avec les blockchains, toutes ces données sont stockées et validées à mesure qu'elles sont générées.
La validation effectuée par le biais des blockchains présente des avantages de taille. Par exemple, il faut parfois, avec les méthodes actuelles, compter jusqu'à une semaine pour valider un simple achat d'actions. Le processus implique plusieurs formulaires et organisations. Avec les blockchains, la validation effectuée par des tiers devient superflue, car toutes les informations requises pour effectuer et approuver les transactions sont incluses dans le registre. Concrètement, cela signifie que les achats d'actions peuvent avoir lieu quasiment instantanément plutôt qu'au bout d'une semaine entière. Un avantage indéniable.
Existe-t-il aujourd'hui des applications concrètes de cette technologie, qui ne sont pas uniquement destinées à gagner de l'argent avec des bitcoins ? La réponse est oui. Selon le Financial Times :
« La blockchain est pour le bitcoin ce qu'internet représente pour les e-mails : un vaste système électronique sur lequel construire des applications, la monnaie n'étant qu'un exemple parmi tant d'autres. »
En clair, le bitcoin n'est qu'une des multiples applications de la blockchain. En effet, les possibilités sont infinies pour cette technologie.
Les cryptomonnaies sont indéniablement l'une des applications les plus populaires de la blockchain.
Du fait de son statut de précurseur et de la taille de son réseau d'utilisateurs (le plus vaste au monde), la valeur du bitcoin est aujourd'hui la plus élevée parmi les cryptomonnaies basées sur le dollar des États-Unis. Sa
Comme les bitcoins s'échangent sur un marché ouvert, des investisseurs ont pu parier sur l'évolution des cours. Il est impossible d'en faire le compte exact, mais le nombre de millionnaires du bitcoin au début de l'année 2018 était estimé à 20 000. Toutefois, avant d'investir dans cette cryptomonnaie, il faut aussi rappeler l'extrême volatilité de son cours. Nombreux sont ceux qui, en spéculant, ont perdu des sommes faramineuses,.
D'autres cryptomonnaies comme Ripple, Litecoin et Ethereum permettent également d'effectuer des paiements ou de spéculer sur les marchés. Cela dit, elles ont chacune leurs particularités. Ripple vise à accélérer les transactions internationales et à réduire les frais liés aux échanges commerciaux. Les quatre secondes nécessaires à la conclusion d'une transaction font de Ripple la plus rapide des cryptomonnaies. Ce délai s'avère considérablement plus court que celui du processus onéreux actuellement suivi par la majorité des banques, qui s'étale sur plusieurs jours. C'est pour cette raison que des entreprises telles que Santander Bank et American Express ont commencé à tester Ripple pour les transactions internationales.
Également utilisé pour les paiements, Litecoin met l'accent sur les transactions du quotidien plutôt que celles transfrontalières. D'après son fondateur, Charlie Lee,
« Litecoin se spécialise dans les paiements, transactions rapides et frais réduits. »
L'offre de Litecoin est quatre fois plus importante que celle des bitcoins, et les transactions s'effectuent quatre fois plus vite.
Viennent ensuite Ethereum et sa cryptomonnaie, l'ether. Les contrats intelligents intégrés au code d'Ethereum permettent d'effectuer automatiquement tout un éventail de transactions une fois que des conditions pré-négociées ont été remplies. Il s'agit d'un grand pas en avant pour l'utilisation des blockchains en dehors du secteur de la technologie financière.
Ces cryptomonnaies, mais surtout les blockchains sur lesquelles elles reposent, auront un impact considérable sur le commerce. Le raccourcissement des délais de validation, la réduction ou la suppression des frais de change, et l'éradication des erreurs simplifieront plus que jamais les échanges internationaux. En implémentant la blockchain au sein de son service des financements, IBM a pu libérer 100 millions de dollars jusqu'alors mobilisés dans des litiges. Les retombées de l'utilisation des blockchains pour un système financier tel que celui des États-Unis, qui brasse chaque jour des billions de dollars de transactions, pourraient être considérables.
En dehors du monde des assurances et du commerce international, les blockchains susciteront des changements radicaux dans la façon dont les entreprises et les start-ups mobilisent des capitaux. Des sites comme Kickstarter, fondé en 2009, ont démocratisé la levée de fonds en permettant à quiconque d'obtenir un soutien financier auprès d'un large public, plutôt que de sources traditionnelles telles que des banques ou des fonds de capital-risque. Par ailleurs, le protocole intègre une police d'assurance puisque les paiements ne sont reçus qu'à condition que les projets remplissent leur objectif de financement. En contrepartie de ce service et de la mise en relation des entrepreneurs avec de potentiels bailleurs de fonds, Kickstarter perçoit des frais de 5 %. À ce jour, la plateforme a collecté plus de 3,4 milliards de dollars sous forme de fonds destinés à divers projets.
Or, avec les blockchains, ces frais sont supprimés, car un réseau permet une validation immédiate. De plus, grâce aux contrats intelligents, une transaction ne s'effectue qu'une fois que le projet est intégralement financé. Certains artistes et start-ups testent déjà le financement participatif basé sur les blockchains au travers d'offres initiales de jetons (ou ICO). Ces pièces virtuelles fonctionnent de la même manière que les bitcoins, et les investisseurs les achètent comme des actions afin d'investir dans l'entreprise qui les proposent. Toutefois, contrairement au marché boursier, l'achat de ces pièces n'octroie aucun droit de propriété à l'utilisateur, ce qui fait des ICO un investissement très risqué.
La protection des données relatives à l'identité et à la propriété constitue aujourd'hui une préoccupation majeure. Les certificats de naissance, de mariage et de décès permettent de faire valoir différents droits tous aussi importants les uns que les autres, y compris la citoyenneté, les droits du travail et le droite de vote.
Or, dans de nombreux pays, les registres personnels et gouvernementaux n'existent encore qu'en version papier. Par exemple, le séisme de 2010 en Haïti a détruit la plupart des dossiers papier du registre foncier, rendant impossible l'identification des propriétaires de terrains. Ceci a ouvert la porte à la corruption et à d'autres pertes. À l'avenir, la technologie blockchain pourra apporter une certaine stabilité en temps d'incertitude.
En plus d'offrir une solution numérique à sûreté intégrée pour les documents importants, les blockchains propose un système de gestion d'identité extrêmement sûr. Pensez à la fréquence à laquelle vous fournissez vos informations personnelles ou financières sur internet. Une fois par semaine ? Une fois par jour ? Plusieurs fois par jour ?
Pouvoir valider avec fiabilité votre identité est essentiel pour toutes les transactions en ligne, mais cela rend vos données vulnérables face à des attaques. Le registre décentralisé des blockchains et les adresses uniques de ses utilisateurs compliquent la tâche aux pirates informatiques qui tenteraient d'obtenir des informations sensibles.
Grâce aux contrats intelligents, de nombreux commerçants utilisent la technologie blockchain pour simplifier les processus relatifs à la chaîne d'approvisionnement. Au début de l'année 2017, Maersk, l'un des plus grands acteurs du transport maritime de conteneurs, s'est joint à IBM pour créer un système de chaîne d'approvisionnement numérique, basé sur la blockchain. L'objectif : développer un moyen plus sûr et plus rentable d'échanger des biens à travers le monde. IBM a déclaré : « Les coûts associés au traitement et à l'administration de la documentation commerciale sont estimés à un cinquième des coûts réels du transport maritime. Un seul navire peut transporter plusieurs milliers de conteneurs. Outre les frais engendrés par les formalités administratives, les documents qui en découlent peuvent être retardés, perdus ou mal classés, ce qui complique encore les choses. » Un véritable casse-tête logistique pour ces entreprises.
Avec la technologie blockchain, toutes les parties impliquées dans la chaîne d'approvisionnement peuvent accéder à n'importe quel document requis et consulter les opérations de transport en temps réel. Toutes les informations relatives à la chaîne d'approvisionnement sont exactes et sécurisées puisqu'il est impossible de modifier la blockchain sans l'autorisation des utilisateurs du réseau. Cette transparence permet de réduire les délais de livraison, les coûts, la fraude et le nombre d'erreurs, tout en acheminant les biens aux consommateurs à travers le monde.
Sujet complexe, la santé génère une quantité importante de formalités administratives et subit de nombreuses contraintes.
La technologie blockchain offre une opportunité de réformer ce secteur et de simplifier le quotidien des utilisateurs du système de soins. En effet, la technologie permet aux patients, assureurs et médecins traitants de consulter et de mettre à jour les dossiers médicaux de manière rapide et sécurisée. Cet accès aux données peut aussi aider le personnel médical à reconnaître les premiers signes de maladies ou de détérioration de l'état de santé. Selon une étude menée par IBM, « les organismes de santé évoluent rapidement et semblent même avoir pris une longueur d'avance
Au-delà de sauver des vies, les blockchains pourrait avoir d'autres applications, telles que la réduction de la fraude médicale ou la centralisation des informations issues d'études médicales de grande envergure dans une base de données exhaustive. Cette technologie permettrait même de payer des procédures en fonction des résultats plutôt que de tarifs pré-déterminés.
Une fois que l'énergie entre sur le réseau électrique, il est impossible de savoir si elle provient de combustibles fossiles, du nucléaire ou du renouvelable. Pour tracer la quantité d'énergie issue de sources renouvelables, les centrales électriques ont recours à un système complexe et onéreux.
Tirer parti de la technologie blockchain pour supprimer les intermédiaires, réduire les erreurs et élaborer un registre décentralisé pour les sources d'énergie renouvelable éliminerait un grand nombre de ces obstacles. Toutefois, l'application des blockchains ne s'arrête pas là. Au cours des dernières années, un nouveau réseau distribué s'est développé. Celui-ci se compose de panneaux solaires placés sur les toits des maisons et de batteries de voitures électriques. Lorsque ces systèmes produisent plus d'énergie que nécessaire, leurs propriétaires peuvent revendre l'excédent aux compagnies électriques, mais il faut parfois plusieurs mois pour obtenir un retour sur investissement. À Brooklyn, LO3 Energy a lancé des premiers essais avec un microréseau basé sur une blockchain, qui permet aux utilisateurs de vendre leurs surplus d'électricité à leurs voisins. Comme il est plus facile de distribuer l'électricité au niveau local que sur de longues distances, les microréseaux décentralisés pourraient prévenir les coupures de courant et optimiser la consommation de l'énergie issue de producteurs distribués.
La technologie blockchain est un sujet complexe. Il faudra probablement patienter de nombreuses années avant qu'elle ne soit largement adoptée. Dès lors, les PME ont tout intérêt à attendre qu'elle arrive à maturité avant d'envisager de l'assimiler. Cela dit, elles peuvent d'ores et déjà commencer à tester ses applications.Cette section de l'article explique comment les entreprises peuvent investir dans les blockchains de manière efficace et réfléchie.
Selon Harvard Business Review, deux facteurs entrent en ligne de compte pour évaluer la vitesse à laquelle une nouvelle technologie se répercute sur une entreprise : la nouveauté et la complexité. La nouveauté représente le degré de familiarité de l'utilisateur avec l'application. Plus cette dernière innove et diffère des précédentes technologies, plus il lui faudra du temps pour se démocratiser. La complexité fait référence au nombre de personnes devant adopter une application pour que celle-ci ait un
Ces deux paramètres aident les décideurs à prendre la mesure des obstacles auxquels ils seront confrontés, ainsi que les efforts requis pour mettre en place une application de blockchain donnée. Comme l'indique le graphique ci-dessus, les entreprises qui recherchent la facilité d'adoption devront opter pour des applications à usage unique de la
Si votre entreprise décide de proposer le bitcoin comme mode de paiement, elle pourra ensuite commencer à tester une application de blockchain plus novatrice, mais dont le niveau de complexité reste bas, à savoir un registre de blockchain privé qui enregistre toutes les transactions. Une fois cette application maîtrisée, vous pourrez envisager de hausser le niveau de complexité avec, par exemple, des contrats intelligents. Le potentiel des blockchain en matière d'amélioration des processus commerciaux est infini et n'est limité que par les ressources et le budget que vous souhaitez investir.
Au vu de la quantité d'informations fournies, il est normal de ne pas saisir tout de suite toutes les subtilités des blockchains ou de ne pas vouloir immédiatement l'intégrer à une stratégie commerciale. Il faudra de nombreuses années et l'adhésion de multiples secteurs pour que l'utilisation de la technologie blockchain se généralise. C'est pourquoi les PME ne doivent pour l'instant pas trop se soucier de cette question. Néanmoins, il est important qu'elles se tiennent informées sur les technologies émergentes, à mesure que les grandes entreprises développent de nouvelles applications de blockchain.
Rappelez-vous : si le Bitcoin a déjà atteint son apogée, la technologie la plus porteuse, à savoir la blockchain, doit encore réaliser tout son potentiel.